Zelig ' Conf

 

Cherche Big Brother bien portant

Les Big Brother Awards, qui décernent des mauvais points à ceux qui s´illustrent dans le fichage et la surveillance, lancent un appel aux citoyens afin de soumettre des candidatures.

Dénoncer les pratiques portant atteinte à la vie privée des citoyens. Tel est l´objectif des Big Brother Awards, dont la deuxième édition française doit se dérouler au début de l´année 2002. Afin de préparer la manifestation, l´équipe des Big Brother Awards français invite les internautes à proposer des candidatures de sociétés, d´administrations ou de personnalités s´étant illustrées "par leur mépris du droit fondamental à la vie privée ou par leur promotion de la surveillance et du contrôle des individus". Les BBA, grand-messe anti-flicage importée directement de Grande-Bretagne sous l´impulsion de l´ONG Privacy International, compte déjà une demi-douzaine de versions dans le monde (Autriche, Suisse, États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, etc.). L´année dernière, le jury de la première édition française des BBA avait décerné une demi-douzaine de prix. La Sonacotra, l´organisme gérant des foyers réservés aux ressortissants étrangers, a ainsi été primée dans la catégorie "Entreprise la plus intrusive" pour avoir intégré dans ses fichiers informatiques des mentions illégales. Et les avoir transmis aux services de police alors que rien ne l´y obligeait. Qui raflera la mise cette année ?

Les propositions doivent être adressées à : bigbrotherawards@internatif.org

Source: Transfer (26/09/2001)

 

La ZeligConf et les BBA

La très militante ZeligConf (Rencontre européenne des contre-cultures digitales), organisée par Samizdat, a démarré vendredi 15 décembre, avec des ateliers-laboratoires sur le projet Freenet (voir IA 59), la cryptographie, les Unix libres et Gnu/Linux. Des conférences-débats étaient également organisés, dont les textes des contributions sont en ligne.

C'est par ailleurs dans le cadre de la ZeligConf qu'ont été décernés les "Big Brother Awards" (BBA) dans six catégories : administration, entreprises, localités, produits & systèmes, prix spécial du jury, et prix Voltaire de la vigilance.

Des têtes de poupées dorées, accrochées à une chaussure ou à une boite de conserve, ou enrobées d'un sac poubelle, ont été attribuées en guise de trophées ironiques.

Les gagnants sont le Ministère de l'Intérieur pour son Système de traitement des infractions constatées(STIC), la Sonacotra pour ses fichiers de logements sociaux pour étrangers, la ville de Vaulx-en-Velin pour sa vidéosurveillance, l'Inria pour son logiciel VSIS de vidéosurveillance et de détection des événements "suspects", Sagem Morpho pour ses bases de données biométriques, et enfin "Souriez, vous êtes filmés" un collectif anti-vidéosurveillance.

Source: Internet Actu (21/12/2000)

 

Des oscars pour les mouchards

C'est samedi soir dans le XIe arrondissement de Paris que se sont déroulés les premiers Big Brothers Awards français. Selon un membre du jury, ils se sont déroulés dans une «ambiance de joyeux foutoir, malgré le beau linge BCBG (sociologues, avocat...) du jury, plus les gens de la première heure du web français, comme Gilles Maire, plus des artistes, concepteurs ou associations de gens qui luttent contre la vidéosurveillance». Dans le cadre de la Zelig conf, «rencontres européennes de la contre culture digitale», le concours, créé il y a deux ans en Angleterre par Simon Davies, directeur de Privacy International, récompense les «meilleurs représentants du mépris du droit à la protection de la vie privée, sur le Net et ailleurs».

Ont touché les ironiques oscars: l'Etat, au titre d'administration la plus intrusive avec son intéressant système de flicage nommé le Stic (Système de traitement des infractions constatées), grâce auquel tout individu qui a eu affaire à la police (comme suspect, inculpé, même disculpé ensuite, ou victime) est mis en fiche. Bref, la question est, que fait la Cnil (Commission nationale informatique et libertés)? Au rayon de l'entreprise la plus intrusive, c'est la Sonacotra, l'organisme privé gérant des foyers sociaux pour des travailleurs étrangers qui remporte la petite statuette dorée de Navarro: la société a reconnu cette année devant la justice transmettre à la police ses fichiers, comportant des mentions illégales ethniques (Libération du 11 février). Une statuette va à la ville de Vaux-en-Velin (Rhône) pour le plan de son maire Maurice Charrier (PCF), lancé en 1996, qui installe la vidéosurveillance dans sa ville, sur l'air bien connu à droite de l'«insécurité». Primé enfin, un système de vidéosurveillance (VSIS, de l'Inria) développé depuis cinq ans par l'institut public, avec nos sous donc, qui remplace «le surveillant humain par des réflexes informatiques», selon le site Big Brothers Awards.

Prix spécial et statuette aussi pour l'ensemble de son œuvre à Sagem Morpho, qui fournit et vend à de nombreux services de police dans le monde, et à des compagnies privées, ses bases de données biométriques («plus de 100 millions de données d'identification de personnes dans monde», dixit le site des BBA). Des statuettes pas volées, en somme.

Source: Libération (18/12/2000)

 

Les trois grands courants du Net alternatif français

Les anti-Big Brother (défenseurs de la vie privée)

But: éviter que la société de l’information ne se transforme en société de surveillance, pire que celle imaginée par Orwell dans 1984.

Une loi en France: celle de 1978, «informatique et libertés», qui protège les Français contre les abus du fichage informatique. 

Une citation symbolique: «Le citoyen a droit à l'opacité la plus totale sur sa vie privée, alors que les institutions doivent être, elles, le plus transparentes possible. Pour l'instant, sur l'Internet, c'est l'inverse.» Meryem Marzouki, présidente de l'association d'usagers du Net Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire). 

Ennemis: les adeptes du marketing en ligne, toujours soucieux de mieux connaître les goûts et les habitudes de surf des internautes pour 
leur revendre des services plus ciblés. Et tous les gouvernements (russe, anglais, français, américain) qui profitent de l’Internet pour mieux pister les citoyens au nom de la lutte contre le terrorisme, par exemple. 

Combat du moment: le traité du Conseil de l’Europe contre la cybercriminalité, en négociation depuis plusieurs années, qui vise à harmoniser les 
législations nationales. Pour une trentaine d’associations internationales de défense des libertés individuelles, ce texte 
«étend abusivement les pouvoirs de police des gouvernements nationaux» et comporte «des risques significatifs pour la vie 
privée». 

Figure emblématique: Andy Mueller-Maguhn, Porte-parole du Chaos Computer Club (groupe de hackers né en Allemagne) et membre élu du comité directeur de l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), le grand aiguilleur du Net. 

Associations: Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire, www.iris.sgdg.org). Et à l’étranger: l’ACLU ou Privacy International. 

Les webzinards (partisans de l’autopublication)

But: favoriser et défendre l’expression publique pour tous, rendue possible grâce au Net qui permet à tout internaute de monter son propre webzine et de toucher potentiellement la planète.

Une loi en France: celle de 1881, dite «loi sur la presse» et qui encadre la liberté d’expression en France. 

Une citation symbolique: «Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.» (Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.) 

Ennemis: les «régulateurs», parlementaires ou avocats, qui voudraient limiter l’expression des citoyens au nom des dérives éventuelles de la publication sur le Net. 

Combat du moment: la remise en cause de la prescription en matière de publication. Selon plusieurs décisions de justice récentes, la publication sur le Web ne pourrait être prescrite, au contraire d’une publication papier.

Figure emblématique: Valentin Lacambre. En 1999, le responsable de l’hébergeur gratuit et sans publicité Altern est condamné à payer 405 000 francs pour avoir accueili un site web proposant des clichés d’Estelle Hallyday dénudée, alors 
qu’il n’était pas l’auteur du site. 

Associations: le Minirezo, regroupement informel de webmestres, représente un réseau de plusieurs centaines de webzines (www.minirezo.net).

La Gauche d’auteurs (militants du logiciel libre) 

But: ils luttent contre les abus de la propriété intellectuelle.

Une loi en France: les textes sur la propriété intellectuelle.

Une citation symbolique: «Si la nature a fait une chose moins susceptible que toute autre d'être l'objet d'une appropriation exclusive, c'est bien (...) l'"idée". Un individu peut l'avoir en sa possession exclusive aussi longtemps qu'il la garde pour lui; mais dès le moment où elle est divulguée, elle se fraie un chemin pour être possédée par chacun, et ceux qui la reçoivent ne peuvent s'en dessaisir. (...) De même, qui allume sa bougie à la mienne reçoit de la lumière sans me plonger dans l'obscurité.» (Thomas Jefferson)

Ennemis: Microsoft, accusé de vouloir s’approprier tous les standards des 
communications informatiques en abusant de son quasi- monopole. Mais aussi les majors du disque ou du cinéma, qui s’appuient sur les lois sur la propriété intellectuelle pour «marchandiser le savoir». 

Combat du moment: les tentations de l’Union européenne pour permettre de breveter les logiciels, comme aux Etats-Unis. Les militants du «Libre» s’inquiètent des dérives potentielles et soulignent le risque d’autoriser ainsi le brevetage des idées et d’empêcher la circulation du savoir.

Figure emblématique: Richard Stallman. Ex-informaticien du MIT, cet Américain a fondé la Free Software Foundation en 1984. Objectif: développer des logiciels «libres», c'est-à-dire librement copiables, modifiables et adaptables par qui veut. Cette idée mènera au système d’exploitation Linux, développé collectivement par des bénévoles du monde entier.

Associations: April (Association pour la promotion de la recherche en informatique libre), Aful (Association française des utilisateurs de logiciels libres).

Source: Libération (15/12/2000)

 

«La liberté informatique est un enjeu de société»

C'est un garçon aux cheveux longs, retenus par un élastique, qui reçoit sur son lieu de travail, au 27e étage de la tour Pleyel, au bord du périph'. Chez Alcove, une société de services en informatique, Frédéric Couchet, 30 ans, est ingénieur. Il ne porte ni chemise ni cravate, mais un T-shirt noir, frappé d'un étrange logo n'évoquant rien de connu. «Vous prendrez bien un gobelet de champagne?», glisse-t-il, car il y a pot ce soir. Soit. Derrière lui, le slogan de son employeur s'étale sur les murs: «L'informatique est libre.» Mais de quoi? Le garçon se glisse alors dans son rôle de militant. 

Il préside l'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (April), l'une de celles qui secouent des idées dans le monde de l'informatique. En fait, il se voit volontiers en lobbyiste. Il milite depuis un moment, même si peu de gens connaissent encore son mouvement. Entouré de quelques membres, il se livre à une petite mise au point. «Nous défendons l'idée de la propriété intellectuelle contre celle de l'appropriation intellectuelle, qui sévit actuellement dans le monde informatique, à travers la multiplication des dépôts de brevets sur les logiciels», explique-t-il avec le débit ultra-rapide de celui qui a beaucoup à dire. «On assiste à la captation de la connaissance par des entreprises privées, parce que la connaissance devient une marchandise qui peut rapporter gros, surtout à l'aube du commerce électronique. Or la connaissance, les idées, appartiennent à tout le monde.» 

Il prend l'exemple de la touche «enregistrer sous» sur un logiciel de bureautique: des individus feraient des pieds et des mains pour breveter ce qui n'est a priori qu'une fonction. Ce faisant, on oblige tous ceux qui s'en servent à passer à la caisse... «Je ne cherche pas à politiser l'association, se défend Couchet. Mais, il se passe des choses qui nous poussent à agir, à nous battre pour défendre des idées de citoyen. Car il s'agit tout compte fait d'un enjeu de société.» 

L'ancêtre «Gnu»

La Convention européenne de Munich (1973) précise d'ailleurs que les programmes informatiques sont exclus de la brevetabilité. Mais, depuis quelques années, les exceptions se multiplient (Libération du 8 septembre). «Nous ne sommes pas une bande d'informaticiens qui réfléchit en vase clos. Nous pouvons agir. Nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui ont un rôle de sentinelle depuis longtemps.» April vient ainsi de prendre contact avec Attac , comme avec Act Up. Pourquoi ceux-là? «Dans le cas du sida, des gens vont crever à cause de cette captation intellectuelle qui s'opère, là aussi, à travers des brevets pharmaceutiques qui engraissent des petites firmes privées.» 

Frédéric Couchet n'a pas toujours été un militant. Bac C, DUT (Diplôme universitaire de technologie) de génie électrique, puis la fac de Paris VIII-Saint-Denis, le nez dans les maths. En 1990, le système Linux n'existe pas encore, mais son ancêtre équipe les ordinateurs des apprentis chercheurs: les outils «Gnu» . «On passait souvent la nuit à la fac tellement c'était génial: un modèle collaboratif où chacun apporte sa pierre à l'édifice et qui marche.» 

Déclic. 
Un jour, le fondateur de «Gnu», Richard Stallman, un Américain (au physique assez proche d'un ZZ Top) donne une conférence à la fac, parle de «communauté» et aussi de «liberté». Pour Frédéric, c'est le déclic. L'Américain a fondé la FSF (Free software foundation), le Français crée April en 1996. Depuis, il oppose le «monde propriétaire» au «monde libre». Et se définit pourtant comme un garant de la propriété intellectuelle: «Dans le logiciel libre, chaque contributeur est un auteur reconnu comme tel. Mais il donne l'autorisation de modifier sa création et de la diffuser. On ne réinvente jamais la roue en informatique, on ne repart pas de zéro: on se sert de ce qui est acquis, pour construire plus loin ou dans une autre direction. On explore et on ne s'ennuie jamais.» Des entreprises clientes ont rapidement compris l'intérêt de s'équiper de ces logiciels: corrigés en permanence, ils sont plus sûrs que d'autres; élaborés en continu, ils ne sont jamais obsolètes... La liste des entreprises fraîchement converties s'allonge. Jusqu'à des administrations ou des multinationales, qui choisissent maintenant ce modèle. 

Source: Libération (15/12/2000)

 

Ils vont faire sa fête au net marchand

C'est la fête à l'Internet ce week-end à Paris. Attention: pas la «Fête de l'Internet», cette opération de promotion soutenue par les pouvoirs publics, avec élection de Miss Internaute, éloge du e-commerce et tutti quanti (ça, c'est en mars prochain). Non, les réjouissances s'appellent ici «Assises de l'Internet non marchand et solidaire», «Zelig Conf: rencontre européenne des contre-cultures digitales» et «Big Brother Awards», remise de prix aux «personnes ou institutions s'étant distinguées par leur mépris du droit fondamental à la protection de la sphère privée». Se côtoieront militants syndicaux et avocats du «logiciel libre», membres du Mrap et défenseurs de la liberté d'expression sur le réseau, militants d'Act Up et acteurs de l'hébergement non commercial.

Riche de promesses

Depuis quelques mois, on assiste à la rencontre de deux cultures militantes: l'une issue des mouvements «classiques» anti-libéraux ou antiracistes, l'autre du monde Internet et de l'«hacktivisme» (farouches défenseurs des libertés individuelles). Chacune a ses propres combats, mais les deux univers découvrent que leurs préoccupations sont parfois convergentes. Le modèle de l'«informatique libre», par exemple, n'est-il pas riche de promesses pour ceux qui luttent pour une plus large diffusion des molécules anti-sida (lire ci-contre)? 

«On sait depuis Seattle, souligne Alain Baron de SUD, que le Net est un formidable outil de coordination militante. Cela nous a rapprochés d'associations comme Iris (Imaginons un réseau Internet solidaire) ou le R@S (hébergeur associatif, soutenu financièrement par SUD-PTT entre autres, ndlr). Et maintenant nous nous découvrons des causes communes, comme la non-marchandisation du Net.» Pour Meryem Marzouki, l'une des responsables d'Iris, il n'y a pas de différences fondamentales entre ces deux formes de militantisme: «Iris veille à ce que le réseau ne soit pas utilisé comme cheval de Troie pour nuire aux libertés. Dans le domaine de l'enseignement par exemple, cela revient à veiller à ce que les "campus virtuels" ne menacent pas le service public. Ce qui rejoint le combat des syndicats d'enseignants.» 

Vraies différences

Valérie Peugeot, de l'association Vecam (qui milite pour le développement de la démocratie participative via le Net), est d'un avis inverse: «De nouvelles formes de militantisme débarquent via les technologies de l'information. Le réseau permet de découvrir d'autres formes de lutte, d'autres points de vue.» Mais elle reconnaît qu'«il reste beaucoup d'efforts à faire pour relier deux mondes qui se comprennent mal». 

Et pour cause: «Les militants traditionnels commencent tout juste à explorer les problématiques nouvelles posés par l'Internet, constate François Sauterey, administrateur du R@S. Les associations les plus récentes, comme Attac, sont certes plus à l'aise que d'autres, comme la CGT. Mais, il y a parfois des hiatus. Certaines des associations que nous hébergeons ne comprennent pas la nécessité d'être sur des listes de diffusion communes.» Et puis il y a de «vraies différences de parcours et d'histoire, difficiles à marier», note Valérie Peugeot. 

Ainsi la Licra a refusé de participer aux Assises de ce week-end, estimant avoir été injuriée par Iris. «Ils ont parlé d'"acharnement borné" de notre part dans l'affaire Yahoo (la ligue a fait condamner le portail, qui propose des enchères d'objets nazis sur son site, ndlr), se plaint Marc Knobel, de la Licra. Nous ne sommes pas des censeurs. Nous avons seulement une autre conception de la liberté d'expression et de l'Internet.» Ce à quoi Meryem Marzouki répond: «Le combat antiraciste ne peut pas être mené de n'importe quelle manière. Nous non plus, nous ne sommes pas pour une liberté d'expression à l'américaine. Mais quand la Licra se félicite de mesures liberticides, ça nous choque.» 

Subtilités

Pour ne rien arranger, les multiples courants de pensée nés autour des réseaux informatiques ne sont pas toujours faciles à saisir. Aux Etats-Unis, des mouvements comme le crypto-anarchisme et les cypherpunks (qui ont développé une véritable idéologie autour des techniques de cryptage) peuvent verser dans une sorte d'ultra-libéralisme. 

Impossible dans ces conditions de tracer une carte politique de l'Internet! Même les débats français sont difficiles à suivre, s'il faut entrer dans les subtilités qui séparent, par exemple, les concepts d'hébergements associatifs défendus par Globenet ou le R@s. 

«Certains débats sont un peu complexes pour nous, avoue Alain Baron, de SUD. On nous a demandé de prendre position sur le problème de la responsabilité des intermédiaires techniques (hébergeurs et fournisseurs d'accès, ndlr). Nous étions assez partagés, et le temps manque pour approfondir ce genre de débats entre nous.» 

Passerelles

Grâce à des lieux d'échanges comme le site du Minirezo (associations de webmestres), des passerelles se tissent, des incompréhensions se dissipent et les points de vue évoluent. Ainsi l'épineux dossier de la diffamation sur le Web. L'action des associations antiracistes a abouti à des décisions de justice qui refusent aux sites web le délai de prescription de trois mois accordé à la presse (Libération du 7 décembre). Certains à la Ligue des droits de l'homme et à la Licra regrettent qu'on en soit arrivé là. «Je ne tiens pas à ce que l'on mène des chasses aux sorcières éternelles», affirme aujourd'hui Marc Knobel. 

Toutes les parties s'accordent sur un point, et c'est d'ailleurs tout l'enjeu des débats de ce week-end: il ne faut pas laisser aux juges, aux industriels et aux régulateurs le soin de fixer les règles du Net. «Les usages du réseau seront déterminés par ses utilisateurs et, parmi eux, les associations auront un rôle crucial», veut croire Michel Elie, de l'Observatoire des usages de l'Internet. 

Le week-end festif de l'Internet alternatif 

Troisièmes assises de l'Internet non marchand et solidaire, samedi 16 décembre au Centre européen Paris La Chapelle (XVIIIe). Organisées par Globenet (hébergeur associatif), Iris (association Imaginons un réseau Internet solidaire) et R@S (Réseau associatif et syndical). 

Au programme, les solutions alternatives pour l'accès et l'hébergement, la gestion des ressources collectives du réseau, l'utilisation du Net sur le lieu de travail et, en fin de journée, un débat qui risque d'être vif : «Comment lutter contre l'incitation à la haine dans le respect des libertés et droits fondamentaux ?» avec le Mrap, anti-rev.org, la Ligue des droits de l'homme et Ras l'front. 

http://www.assises.sgdg.org 

Zelig Conf, rencontre européenne des contre-cultures digitales, les 15,16 et 17 décembre au Centre international de culture populaire, Paris (XIe). Manifestation plus proche des milieux «hacktivistes» et de l'«open source», organisée avec le soutien du collectif samizdat.net. 

On y discutera de logiciel libre, de régulation des contenus, de la mise en réseau des savoirs ou encore du projet Freenet de Ian Clarcke. Un débat a pour thème : «La production de sens contre les portails de la nouvelle économie». 

http://www.samizdat.net/zelig 

Big Brother Awards. La première attribution des  Big Brother Awards français, organisée par Privacy International, aura lieu samedi soir dans le cadre de la Zelig Conf . 

Il s'agit de «distinguer» des personnes ou institutions s'étant distinguées par «leur négligence ou leur mépris du droit fondamental à la protection de la sphère privée ou par sa promotion de la surveillance et du contrôle des individus». 

La cérémonie s'accompagnera d'une «Orwell Party»... 

http://www.bigbrotherawards.eu.org 

Source: Libération (15/12/2000)