Tour d'horizon du militantisme sur le Net

 

Le marché du weblog attise les convoitises

20six, l'hébergeur européen de weblogs, s'implante en France. La nouvelle plate-forme, pour l'instant gratuite, devrait à terme proposer des services payants.

20six.fr est arrivée en France. Depuis le 14 mai, la société d'origine allemande propose aux internautes français des services de création et d'hébergement de weblogs. Créée au mois de mars dernier, elle était déjà présente au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

Apparus en 1998 aux États-Unis, les weblogs (ou blogs) permettent aux particuliers de tenir en ligne un journal personnel, tout simple, et sans aucune connaissance technique.

Lors de la guerre contre l'Irak, ce nouveau moyen de communication a même été exploité par des journalistes pour exprimer leurs points de vue sur les événements, en marge des médias. Aux Etats-Unis, près de 3 millions de Weblogs ont déjà été publiés. Un succès grand public qui n'a pas manqué d'attiser les convoitises de nouvelles sociétés.

A la recherche d'un modèle économique

20six affiche ainsi une vocation clairement commerciale. Même si les services de base (création et publication) restent gratuits, la société annonce déjà l'introduction de services payants. Comme l'explique Max Niederhofer, responsable du lancement en France, 20six souhaite conquérir un marché en friche : « La gratuité est un investissement pour tester le marché. Nous ne souhaitons pas proposer d'emblée des services payants. Il faudra attendre quelques mois, voire un an. »

La société réfléchit cependant déjà à l'introduction, sur ses sites étrangers, de certains services payants, comme l'envoi de photographies, de sons, de SMS ou de MMS, à partir d'un mobile, pour les insérer dans un blog.

Le nouvel hébergeur s'inspire du modèle américain, où la migration du weblog vers des services payants est déjà nettement amorcée. Blogger , le plus gros hébergeur mondial (1 200 000 blogs), a ajouté à son système gratuit des options payantes : optimisation des sites, espaces d'hébergement supplémentaires, gestion des bandes passantes, solutions mobiles intégrées.

Pour Jean-Luc Raymond, fondateur du blog Mediatic , il s'agit d'une mutation progressive : « Au départ, ce sont des passionnés qui se lancent dans le weblog. Le moteur n'est pas économique. Ensuite, apparaissent les enjeux commerciaux avec, par exemple, le rachat de Blogger par Google. »

Le contenu des weblogs est devenu un argument de vente qui se monnaie. Les entrepreneurs américains ont accepté de développer le weblog à perte, car cela leur assurait la mainmise sur une production très importante de contenus. Désormais, ils souhaitent récupérer ces contenus à des fins publicitaires ou commerciales.

Une mutation lente mais inéluctable

En France, où le nombre de blogs - seulement 22 000 - est encore faible, le modèle économique n'a pas eu le temps de se constituer. Mais le recours aux services payants se généralise. Même les hébergeurs amateurs sont contraints d'y passer.

Stéphane Gigandet, fondateur du premier weblog francophone, explique que, même s'il n'a pas créé joueb.com pour faire des bénéfices, il doit commercialiser certains services afin de faire face à la demande et de couvrir des frais d'hébergement de plus en plus élevés. Il reste en revanche sceptique quant à l'émergence d'un marché lucratif : « Personnellement, quand je pense aux weblogs, je ne vois pas de "marché". Si marché il y a, il n'est pas bien grand. »

Le groupe Skyrock, qui heberge à lui seul près de 70 % des weblogs francophones, grâce à son service Skyblog , est conscient que l'audience croissante des blogs est étroitement liée à leur gratuité. Frank Chéneau, directeur opérationnel de Téléfun (filiale de Skyrock), souligne : « Nous souhaitons ajouter des fonctionnalités ludiques payantes, mais cela ne constitue pas du tout le coeur de notre stratégie. L'essentiel restera financé par la publicité et le marketing direct. Nous ne voulons pas brider l'audience en renonçant à la gratuité. »

Source: 01 Net (03/06/2003)

 

Les weblogs : du phénomène à la révolution

Le mouvement des pages personnelles n'est pas nouveau, au contraire. Depuis les tous premiers temps du web, des chercheurs, puis très vite toute sorte de gens se sont saisis du web comme d'un mode d'expression, de partage d’idées voire de publication personnelle. La croissance exponentielle du nombre de pages personnelles s’est accompagnée d’une multitude d’outils pour aider à leur réalisation. Les fournisseurs d’accès et les hébergeurs proposent depuis longtemps des outils pour faciliter la création et la gestion des sites personnels, mais ceux-ci restaient soit limités, soit difficile d’utilisation. Pour publier sur le web, il restait nécessaire d’apprendre le maniement d’un logiciel de mise en page et d’un outil de publication, le langage HTML, la synchronisation entre online et offline…

Désormais, avec les blogues (ou weblogs), l’internaute n’a besoin que d’un navigateur et de ses codes d’accès. Il peut publier, mettre à jour, corriger ses informations à partir de n'importe quel ordinateur, n'importe où dans le monde, même depuis son téléphone mobile. Les blogues permettent à tout un chacun de structurer son site, non plus sous la forme d’une collection de pages, mais sous celle d’un système de navigation dans des bases de données - comme le font depuis des années les sites professionnels. Finies les pages personnelles et statiques de papa : via les Spips, Wikis et autres Bloggers, le dynamisme et la réactivité sont désormais accessibles à tous, d’un clic.

Etymologiquement, le weblog vient de l’anglais to log, c’est-à-dire se connecter, mais aussi enregistrer une suite d’événements, garder une trace au fur et à mesure. D'où souvent l’impression d’une avalanche d’informations dépareillées cachée derrière cette accumulation, avec comme point commun ce regard un tantinet narcissique porté sur soi-même et sa production. Pourtant ces outils intègrent la plupart du temps la possibilité de proposer aux lecteurs de "réagir" à chaque information, voire de publier eux-mêmes ou encore de modifier certaines pages. Si le weblog permet avant tout de « montrer son nombril », il appelle aussi, concomitamment, à la réaction. Aujourd'hui, ces réactions sont encore souvent le fait de happy fews, les débats ressemblent encore beaucoup à des dialogues, certes parfois intéressants... Certains blogueurs s’appuient sur cette fonction pour susciter le débat autour de leurs écrits, enrichir l’analyse ou encore inciter les visiteurs à soumettre des papiers. D’autres s’essaient à des démarches à plusieurs mains, voir pleinement communautaires et ouvertes, avec des systèmes de validation et de cooptation plus ou moins poussés. Certains sites apparaissent comme les successeurs des newsgroups, dont l'usage a considérablement décliné depuis les premiers temps de l'internet. Mais les usages communautaires réussis sont encore rares. Le ciment d’une construction à plusieurs est toujours plus difficile à prendre.

Pour ses plus chauds partisans, le blogue devient ainsi une attitude, une démarche, plutôt qu’un outil : certains parlent même de révolution. Au sein de la « blogosphère », les sites et leurs auteurs communiquent entre eux de mille manières, unis non pas par des thèmes particuliers, mais par la passion du blogue. Des protocoles tels que RSS (voir ci-dessous), des annuaires, des moteurs de recherches... relient les blogues entre eux et permettent à chacun de référencer les informations des autres dans une chaîne potentiellement infinie... mais aujourd’hui vite circulaire. Au cœur de la blogosphère, parmi les militants du blogue, se développent ainsi une culture commune, des codes et parfois, le sentiment que seuls les plus actifs blogueurs sont en mesure de s’exprimer sur ce phénomène et d’en comprendre l’importance.

Cependant les choses bougent. D’abord parce que cette simplicité, cette souplesse sont à l’origine d’une extraordinaire floraison de sites, d’une qualité inégale mais croissante. A côté de milliers de journaux (pas si) intimes, les blogues sont aussi les supports d’information de communautés de tous ordres, ou encore, comme les warblogs l’ont démontré pendant la guerre en Irak, de véritables outils d’information alternatifs. Les blogues quittent les communautés des passionnés d'informatique pour gagner d'autres communautés et par là même d'autres thématiques que celles des nouvelles technos . Avec des blogues de projets, des sites de villes, des carnets de voyages, ou même des sites de naissances, on voit poindre la même diversité de sujets que celle que l'on trouve dans les annuaires de pages personnelles.

Ensuite, parce que de nouveaux types d’outils dédiés à de nouveaux types d'usages apparaissent sans cesse : moblogs (blogues administrés depuis des outils mobiles), audioblogs (blogues avec des posts et des commentaires audios enregistrés par téléphones), photoblogs, ...

Au total, le panel d’usage des blogues n’arrête pas de s’élargir. Avec les weblogs, un nouveau web se dessine, qui n’est pas que de la technicité en moins et de la liberté en plus. C’est aussi un web ordonné différemment : là où régnait parfois le classement alphabétique ou l'ordonnancement thématique, s’impose plus volontiers le classement temporel. L'actualité, la nouveauté priment. C’est enfin, un web qui retrouve l’esprit de ses origines : la réactivité, qui était jusqu’alors l’apanage du courrier électronique, des forums ou de la messagerie instantanée, est en train d’envahir le web. Et peut-être que ce nouvel angle sous lequel voir le monde explique en partie l’engouement – certes encore quantitativement relatif – que rencontrent les weblogs. En tout cas, parions que de liens en liens, se dessine une nouvelle cartographie du web : plus réactive c’est sûr, et, on l’espère, plus participative encore.

Source: FING (27/05/2003)

 

Weblogs, l'univers du Je

Les internautes reprennent la parole grâce à de nouveaux systèmes de publication sur le Web, baptisés weblogs. Évolution d'un ancien concept ou prémices d'une révolution, les avis sont partagés...

Skyrock a les siens, Harvard veut y sensibiliser ses étudiants, AOL y réfléchit fort et Tripod, le site d'hébergement de pages de Terra Lycos, a déjà ouvert ce service. L'objet de toutes ces sollicitudes ? Les weblogs. Un terme dont le Net résonne depuis des mois et dont l'écho a encore gagné en amplitude ces dernières semaines. Un weblog (voir le lexique ci-dessous) est le cousin des pages perso d'antan.

D'aucuns décèlent dans leur multiplication l'amorce d'un séisme ; d'autres n'y voient que de la poudre aux yeux... Google, le roi des moteurs de recherche, semble vouloir surfer sur cette vague, puisqu'il a racheté mi-février pour une somme confidentielle Blogger, le pionnier des hébergeurs de weblogs (1 million d'inscrits revendiqués). À l'instar d'un site perso, un weblog est un espace d'expression à la portée de tout internaute. Mais qui présente quelques différences de forme. Il s'agit moins de pages organisées selon une arborescence parfois labyrinthique que d'une file indienne de courtes chroniques, classées chronologiquement, la plus récente en premier, et automatiquement archivées. Exemple pour les habitués des sites Mac, MacBidouille compte plusieurs traits physiques d'un weblog pur sucre.

Sur la plupart de ces carnets en ligne préside l'envie de l'auteur de partager les perles dénichées sur le Web, de réagir à chaud à l'actualité, d'offrir un regard et de susciter adhésion ou controverse chez les visiteurs qui peuvent apposer leurs commentaires. On devient fidèle à un weblog comme à une émission de radio ou à un écrivain. Tout repose sur la personnalité de son auteur et sur son talent. Il se forme parfois des communautés virtuelles de weblogs, dont les propriétaires se sentent proches, se citent et se répondent par chroniques et liens interposés.

Perso et commerciaux

Pour ces passionnés du partage par l'écrit, il peut s'agir d'un passe-temps, d'un exercice de style ou d'un exutoire. Avec peut-être une découverte de soi, comme l'explique Rebecca sur son weblog (www.rebeccablood.net) : "J'ai vite relevé deux choses inattendues. J'ai d'abord discerné mes vrais centres d'intérêt que je croyais pourtant connaître. […] Plus fondamental encore, […] en écrivant quotidiennement, j'ai pris soin de réfléchir à mes idées et opinions et j'ai commencé à réaliser l'importance de mon point de vue, et de ce qu'il avait d'unique." Un second weblogueur, Cory Doctorow (www.boingboing.net) écrit : "J'ai besoin chaque jour de six fois mon poids en informations, provenant de quantité de sources, sinon mon cerveau crie famine et s'atrophie. Jusqu'alors, je conservais tout sous la forme de bookmarks, mais ils s'entassaient et je m'y perdais. […] Tenir un weblog m'oblige à dégager en deux ou trois phrases l'essence même des URL que je cite, pour réussir à aiguiller la curiosité de mes lecteurs." Et le weblog devient au passage une formidable base de données, notes et liens que son propre auteur peut retrouver rapidement.

S'ils sont majoritairement le fait de particuliers désintéressés, ces publications en ligne pourraient toutefois séduire des sites commerciaux. En venant s'ajouter, par exemple, dans la gamme des méthodes de fidélisation, aux newsletters. C'est l'idée formulée sur le site O'Reilly (www.oreillynet.com) par Meg Hourihan, une consultante spécialisée réseau : "Faites d'un weblog un outil commercial et embauchez un professionnel qui sache filtrer, résumer et rédiger. […] Imaginez que cette personne passe quarante heures par semaine à couvrir tous les événements liés à un domaine et vous comprenez tout de suite l'intérêt de l'opération." L'idée étant de renforcer l'esprit communautaire autour d'un site et, par extension, de ses marchandises, mais sans jouer au VRP insistant. Skyrock a ainsi ouvert son site de création de weblogs : www.skyblog.com. Macromedia a donné carte blanche à neuf de ses ingénieurs qui tiennent des chroniques sur l'actualité des produits maison (www.macromedia.com/desdev). L'appartenance à l'éditeur est clairement affichée, mais les propos, sur le ton de la conversation, se veulent utiles, pédagogiques et pertinents, puisque délivrés par les créateurs mêmes de ces logiciels. Apple aussi, malgré sa maladie du secret, a fait une très légère entorse à sa politique. L'un des développeurs de Safari, Dave Hyatt (www.mozillazine.org/weblogs/hyatt) évoque, au milieu de propos personnels, les bogues et les corrections apportées au navigateur. La route reste néanmoins très balisée, puisque les notes portent sur les parties Open Source du navigateur...

Selon les historiens du Net, le premier weblog fut celui de Tim Berners-Lee, en 1992 ; après son invention du Web, il commença à en chroniquer la maturation. Le terme, lui, serait né fin 1997. Éclipsé par les start-up, l'esprit originel du Web, communautaire et démocratique, revient à l'avant-scène et se refait une jeunesse.

Pour Frédéric Cirera, créateur de Mygale, site pionnier dans l'hébergement de pages, aujourd'hui à la tête d'Ulimit, service gratuit de noms de domaines, ce n'est toutefois qu'un replâtrage. "Le marketing a juste repris une idée ancienne, l'a relookée et rebaptisée avant de la revendre pour générer du trafic. Quelle est la différence pour celui qui met sa pensée du jour sur un weblog plutôt que sur une page Web standard ? Seul le mode de transport change. Avant d'admettre que, au moins, l'outil permet à un internaute peu technophile de s'exprimer." C'est effectivement la première - la seule ? - vertu des weblogs : confier à des sites automatisés ou des logiciels le soin de structurer les textes pour vous laisser vous concentrer sur leur rédaction. Dave Winer, insatiable observateur des évolutions du Net, créateur de Radio et récemment chargé par Harvard de développer l'usage des weblogs sur le campus, y voit pour sa part une menace pour les médias traditionnels : "Nous revenons à ce que j'appelle le journalisme amateur : l'amour de l'écrit, sans attente d'une compensation financière, annonçait-il au magazine Wired en mai dernier. Lorsque le Times commente mon domaine d'activité, il ne semble retenir que trois thèmes : Microsoft est le diable, Java (ou tout autre sujet du jour) est le futur et Apple est morte. […] Les lecteurs, lassés, vont aller chercher des alternatives auprès d'amateurs, car les journaux sont limités en nombre de rédacteurs et ne peuvent couvrir tous les sujets." Blogger permet, par exemple, de mettre en ligne des chroniques vocales depuis un mobile. Vous êtes témoin d'une catastrophe ? Hop, un coup de fil à votre weblog ! Le rachat de Blogger par Google témoigne de la popularité de ce mode de publication… et de la valeur marchande de ses contenus (voir encadré ci-dessous). Mais s'agissant de l'amorce de profondes évolutions, c'est à voir. "Je suis un peu dubitatif sur leur intérêt, observe Olivier Andrieu, d'Abondance.net, spécialisé sur les moteurs de recherche. Le formidable y côtoie le n'importe quoi, comme dans les pages perso. L'avenir dira si ces outils sont vraiment intéressants ou s'il s'agit là d'un énième concept éphémère qu'a enfanté le Web. Comme souvent, ce sont les utilisateurs qui trancheront…"

Et demain ?

La synergie entre Google et Blogger peut jouer sur plusieurs niveaux. Le moteur vient déjà d'indiquer à ses annonceurs que les pages de Blogger allaient intégrer des publicités en adéquation avec la thématique de ses weblogs. Ensuite, il peut affiner ses recherches, comme le souligne Olivier Andrieu, spécialiste du domaine : "Google a basé son algorithme PageRank sur l'interconnexion des sites (NDLR : plus un site est la cible de liens, plus il est jugé pertinent) ; les weblogs étant justement un formidable réservoir de liens croisés, notamment rattachés à l'actualité, on peut encore mieux dégager les sites incontournables." Google planche aussi sur l'ajout, aux résultats d'une recherche, de liens de pages contenant des citations sur le même thème. Là encore, les weblogs recèlent une masse de contenus supplémentaires. Enfin, Google pourrait vendre clés en main des "kits weblog" à des sites tiers désireux d'offrir ce service.

Source: SVM Mac n° 149 - Avril 2003

 

Alerte virale dans la blogosphère

Des experts en marketing s'achètent les services de jeunes blogueurs américains

A première vue, Sean Boone est un "blogueur" parmi tant d'autres. Un lycéen de 17 ans, qui vit dans l'Idaho et raconte sa vie sur son site perso : ses virées avec ses copains, concerts de rock et exploits athlétiques... sous la forme d'un web log (blog, en abrégé ou journal de bord, en français : éditées avec des outils simples comme Blogger, ces "pages persos" sont réalisées par des internautes qui souhaitent s'exprimer en ligne sans se confronter aux problèmes techniques).

Mais comme cinq autres jeunes de 17 à 24 ans, Sean a été recruté en février par une agence de marketing de Dallas, Richards Interactive. Sa mission : recommander de temps en temps à ses lecteurs une nouvelle boisson à base de lait, Raging Cow, vendue par Dr. Pepper/Seven Up. Le plus naturellement possible. Et sans indiquer le chèque-cadeau de 300 $ et les produits gratuits reçus en échange.

Tollé dans la blogosphère

Cette nouvelle stratégie de marketing n'est pas du goût de tous. Dès la parution dans le magazine Newsweek d'un court article consacré à la question, début mars, blogs et forums de discussion se sont vite emplis de commentaires rageurs. "Si les blogueurs se laissent acheter, ils perdent toute crédibilité", s'indigne par exemple un internaute. Un site britannique est allé jusqu'à organiser un boycott en ligne de la campagne Raging Cow.

Car les blogs sont par définition des espaces de libre expression, exempts de toute ambition commerciale. Tout au plus y voit-on quelques liens publicitaires clairement identifiés comme tels et servant à financer l'hébergement du site.

Beaucoup estiment que ces tentatives de commercialisation sont vouées à l'échec. "Avec de nombreux membres et lecteurs prompts à détecter toute manipulation, la blogosphère résistera probablement à de tels efforts, prédit Glenn Reynolds, auteur d'un des blogs les plus lus aux Etats-Unis. Ceux qui participent à ce type de campagne seront probablement la risée des autres blogueurs."

Sean reconnaît avoir reçu beaucoup d'e-mails de protestation. "Mais, ce sont les bloggueurs plus âgés, de 30 ans et plus, qui ont mal réagi, ajoute-t-il. En général, les jeunes et les ados n'y voient aucun problème." Et les 18-24 ans constituent justement le coeur de cible.

Viral et sournois

La boisson au nom de vache a été lancée sur six marchés-tests aux États-Unis. Un lancement soutenu par des publicités sur le Web, à la radio et par des séances de dégustations. Difficile à ce stade d'évaluer l'impact des blogs. Mais d'après Todd Copilevitz, directeur de l'agence Richards Interactive, les six jeunes recrues "semblent avoir amené un nombre important de visiteurs au site ragingcow.com" (site publicitaire rédigé lui aussi sous forme de blog, soi-disant tenu par une vache ?).

"Les blogs intéressent beaucoup les professionnels du marketing, poursuit Todd Copilevitz. Car ils permettent d'observer les goûts et les habitudes des jeunes. Et peut-être aussi de s'adresser à une tranche d'âge souvent peu perméable aux campagnes publicitaires traditionnelles.

En septembre 2002, Richards Interactive a déjà distribué pour le compte de Nokia des téléphones portables à de jeunes blogueurs "influents", dont certains ont recommandé le produit sur leur site. D'après Todd Copilevitz, d'autres entreprises ciblant les jeunes envisagent de lancer des campagnes similaires.

Les six blogueurs recrutés ont été sélectionnés en raison de la popularité de leur site auprès de leur groupe d'âge. En cela, la campagne relève du "marketing viral" : l'objectif est d'allier le bouche-à-oreille traditionnel au pouvoir de diffusion des nouvelles technologies. Une tactique beaucoup moins coûteuse que le passage par des supports publicitaires traditionnels, mais plus risquée, car le message transmis peut facilement déraper.

La campagne est également un exemple de ce qu'on nomme "stealth" ou "undercover marketing" : un marketing "furtif", "sournois", ou comment faire de la publicité sans le dire.

Confusion des genres

À l'heure où les internautes sont de plus en plus indifférents aux publicités "pop-up" et aux bannières, les entreprises cherchent désespérément de nouvelles approches, observe Denise Garcia, analyste de la société d'études Gartner. "Il n'est donc pas étonnant que certains essaient de gommer la différence entre contenu éditorial et publicité."

Cette confusion des genres se rencontre fréquemment sur le web, ajoute-t-elle : "Certains sites pharmaceutiques publient par exemple des publicités en les faisant passer pour des articles de presse, ce qui nuit à la crédibilité du Web dans son ensemble."

L'association de consommateurs ConsumerWebWatch lutte contre cette tendance. "Toute campagne publicitaire qui refuse de se présenter comme telle est trompeuse et manipulatrice, affirme Beau Brendler, directeur de l'association. Et condamnée à l'échec, car les consommateurs ont une forte réaction de rejet lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils ont été manipulés."

En attendant, la controverse ne fait peut-être qu'accroître la notoriété de la boisson en question. Et Sean, qui espère travailler plus tard dans la publicité, n'hésite pas à déclarer : "Ça fera très bien sur mon CV, d'avoir participé à une campagne de marketing d'un tout nouveau genre."

Source: Transfert (28/03/2003)

 

Les warblogs, vedettes de l’infoguerre

Sur Internet, les citoyens ordinaires peuvent livrer leur propre vision de la guerre en Irak… Grâce aux warblogs, ces journaux du Web faciles à créer, mêlant informations et points de vue personnels.

Après la Guerre du Golfe de 1991, qui avait consacré les chaînes d’information continue, le conflit en Irak pourrait marquer l’avènement d’une nouvelle ère média : celle des warblogs ou blogs de guerre. Revendiquant une tradition américaine du journalisme populiste, le warbloggeur se veut en avance sur son temps, un temps où avec un simple modem, chaque citoyen ordinaire peut n’importe où rapporter ce qu’il veut pour n’importe quelle raison.

Analyses, débats, commentaires, témoignages, liens hypertextes... Pour Gleen Reynolds, dont le blog est l’un des plus reconnus sur la Toile, il est temps aujourd’hui de prendre les warblogs au sérieux et de reconnaître leur apport en matière d’informations. «Souplesse, réactivité, instantanéité» sont les mots, qui dans la bouche de Gleen Reynolds, qualifient le mieux ces journaux du Web.

Depuis le début du conflit, les warblogs représentent une alternative à une communication institutionnelle généralement opacifiée en temps de guerre, offrant une diversité d’informations et d’opinions. Une révolution en terme de réalité journalistique, selon certains. Une vérité parfois invérifiable, pour d’autres. Pour certains experts des médias, le scepticisme reste de mise. Ils doutent notamment de la capacité à accéder à des informations inédites ou à se placer en première ligne médiatique. «Les auteurs ne font généralement pas mystère de leurs tendances idéologiques. Libre aux internautes d’accorder leur confiance à l’un ou l’autre. C’est avant tout basé sur la réputation du blog», estime Glenn Reynolds.

Les guerriers warbloggeurs

Chaque semaine apporte son lot de nouveaux warblogs sur la Toile. Ces blogs de guerre peuvent être de différentes natures : collectifs ou ouverts par des anonymes isolés. Salam Pax a été propulsé sur le devant de la scène grâce à son blog qui publie des descriptions de la vie quotidienne à Bagdad. Son site Where’s Raed? est l’histoire d’un étonnant succès. A sa création, une dizaine de lecteurs. Aujourd’hui, ils sont des milliers à lui rendre visite quotidiennement sur le Web. Cent quarante mille consultations par jour, provenant de tous les coins de la planète.

Les blogs vont des observateurs de salon commentant la couverture médiatique depuis leur domicile aux journalistes stationnés dans la région. Le site du journaliste Chris Albritton Back-to-Irak, correspondant de guerre, est devenu une source d’informations très prisée, dont les internautes apprécient le ton original. L’image a également sa place dans ces journaux du Web, c’est le cas du blog d’un photographe du Times, John Pendygraft.

Un phénomène qui concerne les soldats engagés dans la région du Golfe persique. Les militaires britanniques et américains sont de plus en plus nombreux à mettre en ligne leurs blogs pour témoigner quotidiennement de leur expérience et partager des informations avec leurs amis, toujours dans la limite de ce qu’ils peuvent révéler. Plusieurs soldats, fous d’informatiques, ont mis en ligne des warblogs au contenu très éclectique, mêlant informations insolites, détails quotidiens et impressions personnelles. Des sites comme blogsofwar.com ou rooba.net sont devenus des sources d’informations alternatives très prisées.

L’armée américaine a adopté une attitude tolérante à l’égard des blogs et plus généralement de l’accès des soldats à Internet. Comme le raconte un officier américain à la retraite, père d’un réserviste de l’US Navy arrivé dans le Golfe en décembre dernier, «tous les soldats embarqués ont une messagerie. C’est le principal mode de communication aujourd’hui. Ces gamins envoient des emails deux ou trois fois pas jour. Ils sont soit au Koweit, à Bahrein, en Arabie Saoudite ou au Qatar. Ils ne peuvent pas dire où ils se trouvent».

A côté de ces individus isolés, les blogs collectifs accordent une large place au conflit. C’est le cas du site du IndyMedia, réalisé par des militants antimondialisation, une équipe de journalistes indépendants appuyés par plusieurs associations et médias alternatifs. Parmi ceux qui apportent leur soutien actif à IndyMedia, on trouve Freespeech.TV. et l’association Media Center. La cinquantaine de serveurs d’IndyMedia répartis à travers le monde publient des informations ainsi que des reportages audio ou photos comme par exemple le journal d’un bouclier humain à Bagdad ou celui de deux médecins belges basés dans la capitale irakienne.

Source: RFI (01/04/2003)

 

Le web, la guerre, l'info et l'intox ...

Il aura fallu attendre le conflit irakien pour que le public découvre les "Weblog" ou blogs, ces sites souvent personnels, combinant opinions et compilations d’agences de presse –souvent automatisées.

Circuit parallèle de l’information, avec des temps de réponse excessivement rapides, ces blogs forment une sorte d’underground de la correspondance de guerre, souvent vus par leurs lecteurs comme une « mine à scoop ».

Certains sites sont tenus avec sérieux, d’autres avec fantaisie, tous avec passion, une part non négligeable d’entre eux émanant directement des équipes de journalistes travaillant sur les terrains d’opérations.

Ainsi le collectif des correspondants de la BBC, du freelance Chris Allbritton, ou de Kevin Sites, envoyé spécial de CNN. Un blog, soit dit en passant, qui a été mis en sommeil sur injonction du network américain.

Le plus souvent, ces « instantanés de guerre » sont le fait de particuliers, tel le web L.T., cocardier en diable, ou Salam Pax/Raed que certains soupçonnent d’être noyauté par les services de renseignements US.

D’autres encore confinent à l’agence de presse, relatant minute après minute le moindre incident, comme l’Agonist ou le Command Post.

Tous, plus ou moins, sont frappés d’une sorte de syndrome de Stockholm les poussant à s’identifier aux combattants et à témoigner des événements en y prenant une part active. « Aujourd’hui, Nous sommes allés en mission de reconnaissance… », « Les troupes de libération ont, ce matin … »… en « engageant » un contingent d’hommes des médias, le haut-commandement américain est parvenu à biaiser en partie l’objectivité des témoins.

Et Internet, pour sa part, en offrant un canal de diffusion de l’information continu, a achevé cette « œuvre » en substituant l’instantanéité au filtrage, en supprimant toute analyse, tout recul, au profit d’un foisonnement de données éparses.

Le Blog, c’est Stendal racontant Fabrice Del Dongo à Waterloo, une vision personnelle de la guerre, tableau émouvant mais totalement dissocié du plan de bataille général, des enjeux et des mouvements d’ensemble.

Parfois, cependant, l’anecdote parvient à synthétiser l’océan de différences culturelles des deux peuples qui s’affrontent. Ainsi ce témoignage du Guardian, « blogué » par Brain Off et rapportant les propos d’un soldat américain : « J’ai tout parcouru, de Bassora à ici, et j’ai pas vu le moindre centre commercial ou le plus petit restaurant Fast Food. Les gens ici n’ont rien. Chez nous, même dans le plus petit patelin de 2 500 habitants, on trouve un McDo d’un côté et un Hardee’s de l’autre ».

Propos tenus aux pieds des ruines de Ur, la cité plusieurs fois millénaire, ville natale d’Abraham et de Booz endormi. « C'etait l'heure tranquille où les lions vont boire. Tout reposait dans Ur et dans Jerimadeth; ».

Les lions ont disparu, Ur n’est plus que sable, et les GI’s ne peuvent, avec leur GPS, trouver le lieu exact de ce « J’ai rime à dait ».

Source: Réseaux & Telecoms (27/03/2003)

 

Le blogueur de Bagdad

Un Irakien publie sur le web un « blog » décrivant la guerre, vue depuis Bagdad. En une semaine, le site a atteint des sommets de popularité.

« Les rues sont vides et seules quelques boulangeries et épiceries sont ouvertes, affichant des prix quatre fois supérieurs à la normale... Les attaques de jour ont commencé, parfois sans que les sirènes ne retentissent... Nous comptons les heures depuis que la télévision a annoncé le décollage des B52... »

Ces extraits proviennent du site Where is Raed , un blog publié par un Irakien, sous le pseudonyme de Salam Pax. Depuis le début du conflit, parfois de façon irrégulière, ce chroniqueur anonyme tient son « journal Web », décrivant la guerre au quotidien, vue de l'intérieur.

En une semaine, le site est devenu si consulté que son hébergeur a dû ouvrir un serveur miroir . Selon Technorati qui répertorie près de 160 000 blogs, Where is Raed est désormais 2 e du top 100 (un index basé sur le nombre de liens pointant vers un blog donné) des weblogs les plus populaires, devançant des institutions du genre.

Dans les blogs, et en particulier sur les multiples « warblogs », consacrés à la guerre, on n'en finit plus de commenter, d'analyser et d'épiloguer sur Salam Pax. Les rumeurs les plus folles ont couru. Existe-t-il vraiment ? Serait-ce un canular ? Un complot du Mossad ?... Difficile d'être sûr de quelque chose en la matière.

Le contenu paraît plus que crédible

Contacté par e-mail, il répond : « J'ai 28 ans. J'ai vécu quatorze ans à l'étranger, et vis depuis sept ans à Bagdad. J'ai fini mes études d'architecture... » , et annonce vouloir continuer aussi longtemps que possible à tenir son journal sur le web...

De son côté, le journaliste américain Paul Boutin conclut, après une enquête relative au mode de connexion et aux serveurs utilisés, que Salam Pax est « probablement » ce qu'il prétend être.

Compte tenu de sa position, Salam ne peut se dévoiler sans risques pour sa propre sécurité. Même ses fans, craignant des représailles, lui demandent de suspendre ses récits.

Au demeurant, le contenu du blog paraît plus que crédible. Salam semble seulement chercher à raconter ce qu'il voit et ce que sa famille et lui vivent au quotidien. Mais ce blog, et plus généralement les warblogs, démontrent sans doute le rôle particulier joué par des sources d'information alternatives dans un conflit particulièrement médiatisé.

« Arrêtez de m'envoyer des e-mails me demandant si j'existe vraiment ! Si vous ne le croyez pas, alors ne venez pas me lire ! » , implorait Salam Pax récemment. Une manière de rappeler que blog ou pas, l'information repose toujours sur la confiance et l'esprit critique.

Source: 01Net (27/03/2003)

 

Le lo-fi, avenir du web ?

Technophile hyper pointu vous pensez peut-être que le lo-fi est un nouveau réseau aux capacités hallucinantes, la deuxième, voire troisième génération des réseaux Wi-Fi (réseaux locaux sans fil) ? Et bien non, le lo-fi c'est tout simplement l'inverse de la hi-fi. En musique, c'est un style au son volontairement très dépouillé et sur Internet ce sont les blogs, des sites éditoriaux volontairement dépouillés et amateurs.

L'engouement croissant pour le blog renoue avec les premiers idéaux d'Internet : un réseau d'échange libre et gratuit ou chacun est émetteur et récepteur, le règne de l'interaction et de la liberté d'expression. Mais le blog n'est pas qu'un outil pour les doux rêveurs. C'est surtout un système de publication en ligne redoutablement simple à utiliser, à mettre à jour... et à lire pour les internautes.

La simplicité du système est un atout pour l'auteur bien sûr qui peut se consacrer complètement à l'écriture, et le mettre à jour très facilement. C'est aussi un atout pour l'internaute, car la présentation est simple et ciblé, lui évitant ainsi de se perdre dans une arborescence sophistiquée. C'est tellement simple que des versions consultables depuis les téléphones mobiles seront bientôt disponibles.

Autre atout, tout comme Linux, l'outil est gratuit et profite des améliorations apportées par les internautes plus expérimentés, mais tout en respectant sa vocation de simplicité et de sobriété qui le rend accessible à tous. Enfin pour assurer la pérennité du système et maintenir la motivation, voire la survie, des bloggers, on commence à voir apparaître des blogs payants.

Mais la véritable consécration du media est arrivée il y a 10 jours quand Google a racheté Blogger (www.blogger.com), l'outil d'édition des blogs. Ce n'est pas un hasard si c'est Google qui a sauté le pas car les blogs sont une source de liens et d’informations, très utiles pour le moteur de recherche. C'est aussi une philosophie qu'il cultive depuis le début : se concentrer sur l'outil plus que sur la forme.

Pour la suite, pourquoi ne pas imaginer les sites éditoriaux sur un modèle de blog, bien moins coûteux que les portails actuels. Après tout, la presse n'est pas née tout de suite après la machine de Gutenberg, dont la production sophistiquée et onéreuse était peu adaptée à une diffusion de masse, rapide et à petit prix.

Si ce n'est pas déjà fait, il est temps de découvrir les blogs à travers PointBlog (www.pointblog.com), un blog sur les blogs ou le site très kitsch des blogdor (www.blogdor.com) qui, en attendant les résultats, permet un accès à quelques uns des sites en compétition.

Source: L'Expansion (27/02/2003)

 

Internet fait front contre la guerre en Irak

A la veille de la prochaine intervention militaire américaine en Irak, les mouvements d’opposition se mobilisent pour sensibiliser la population internaute.

«Si vis pacem para netum». Traduisez : «Si tu veux la paix prépare le Net». La guerre est au coin de l’écran. Il n’y a pas que dans les rues où les slogans fleurissent pour appeler contre cette offensive en Irak. Le Net est désormais le point d’ancrage de tous les opposants à ce conflit. Taper sur Google l’expression en français «Non à la guerre en Irak» et vous aurez une avalanche de réponses : plus de 62 000 résultats. L’expression en anglais «No war on Iraq» déclenche 1,69 million de réponses qui incluent des articles de presse et une flopée de sites impossible à répertorier tant ils sont légion.

Sites d’associations, citoyens ou politiques et weblogs font circuler des pétitions en ligne et appellent à manifester, revendiquer, boycotter... Et ce à travers les forums de discussion, les listes de diffusion, les mails ou les textos. La mouvance anti-mondialisation ou d’extrême gauche est sans doute la mieux représentée. Les anti-mondialistes ont fait une véritable OPA sur le Net : une vitrine électronique mondiale à peu de frais. Pratique : le serveur stopthewaragainstiraq.org propose des modèles de lettres à envoyer aux parlementaires et à la presse. Même credo pour le site votenowar.org/fr qui présente «un référendum populaire anti-guerre» et donne de nombreuses informations et conseils sur la mobilisation.

Peace not war

Les internautes peuvent également exprimer leur désaccord grâce à une «panoplie blanche désarmante»: drapeaux, bannières, fanions, insignes, rubans, rectangles autocollants et vignettes à télécharger façon traditionnelle «non à la guerre en Irak», ou parodique, «non à la guerre, oui au bretzels». Instrument politique ou vitrine commerciale? Un site petition-irak.org pousse l’utilisation des technologies de la communication jusqu’à proposer une signature pour une pétition uniquement par SMS, donc payante, en sus de la connexion Internet. La chanson a sa place également dans cette mobilisation. Les musiciens ont décidé de faire passer leur message à travers un CD anti-guerre qui compilent notamment des titres des groupes de rock Midnight Oil, Public Ennemy, Massive Attack. Tous ces artistes ont décidé de s'impliquer comme en témoignent les paroles des chansons disponibles sur le site Peace not war.

De leur côté, les blogues (de l’anglais blog, contraction de Web log) - ces journaux du web indépendants mêlant informations et points de vue personnels - affichent également leur refus à une intervention américaine en Irak. Si les rédacteurs de blogues compilent les informations glanées sur la Toile, ils offrent également des liens hypertextes à leurs visiteurs. C’est le cas des weblogs : Adminet, cawaj.ouvaton, cybertribes ou bien encore Non à l’euro. Et sur le Net, tous les délires sont possibles... On peut ainsi trouver tout une série de spots humoristiques... qui ne manquent évidemment pas de piquant. Démonstration sur le site Moveon.org. Extrait: «Sur un écran de télé, le drapeau américain se fond dans la neige puis reparaît avec les étoiles et les barres mal placées, des couleurs inversées voire erronées, tandis que l’hymne américain déraille. Le message : les Etats-Unis connaissent des difficultés techniques avec leur démocratie et il est demandé au monde de patienter le temps qu’ils les règlent».

Source: RFI (13/02/2003)

 

Les mouvements contre la guerre trouvent une tribune sur internet

Les mouvements d'opposition à une nouvelle guerre en Irak trouvent une tribune sur internet : associations, partis politiques ou simples citoyens affichent leurs convictions, font circuler des pétitions à travers le globe ou appellent à des actions.L'événement

Difficile de quantifier les sites dédiés à ce thème, le nombre de consultations et l'ampleur de l'hostilité à un conflit. Le moteur de recherche Google recense 62.100 résultats pour l'expression en français "non à la guerre en Irak", un chiffre qui inclut les articles de presse sur le sujet et des sites protestaires qui s'intéressent à plusieurs causes à la fois. L'expression anglaise "no war on Iraq" déclenche 1,69 million de réponses.

Les mots-clés "Irak", "Bush", "Saddam Hussein", sont très utilisés par les internautes, souligne une porte-parole de Yahoo! France, mais il arrive que des événements spectaculaires prennent le dessus: la semaine dernière, l'explosion de la navette Columbia a ainsi suscité six fois plus de recherches.

Le web accueille beaucoup de tracts de la mouvance "alter-mondialisation" ou d'extrême gauche, et d'appels à des manifestations, pour le 15 février notamment, ainsi que des forums de discussion sur la justification d'une guerre. Signe d'une tension qui dure, certains de ces appels en ligne datent de plusieurs mois.

Stopthewaragainstiraq propose des modèles de lettres à envoyer aux parlementaires et à la presse, Votenowar présente "un référendum populaire anti-guerre" tandis que Stopwar conseille à la veille de la Saint-Valentin : "faites l'amour, pas la guerre" et donne de nombreux informations et conseils sur la mobilisation.

Les musiciens du site Peace-not-war ont réalisé un double CD anti-guerre, intitulé "Peace not War", avec des titres tels "Son of a Bush" des rappeurs de Public Enemy ou "Price of Oil" (le prix du pétrole) du chanteur engagé Billy Bragg. Paroles et musiques de certaines chansons sont sur le site.

Certains cherchent même à mobiliser ceux qui ne font partie d'aucune mouvance : ce site incite les internautes, pour exprimer leur désaccord avec une guerre, en arborant "la panoplie blanche désarmante" : oriflammes, drapeaux, bannières, fanions, insignes, rubans pour les antennes radio, rectangles autocollants et, à défaut, de simples feuilles blanches.

Le site du parti communiste français propose lui de télécharger une vignette "non à la guerre à la guerre en Irak".

Si les pétitions fourmillent sur le web, un site, pousse l'utilisation des nouvelles technologies jusqu'à proposer une signature uniquement par SMS, donc payante, en sus de la connexion internet. Le site indique tout de même qu'il s'agit d'un numéro surtaxé, à 0,35 euro par appel, hors coût d'un SMS classique. Le site affiche des messages tel que "non à la guerre, oui aux bretzels".

D'autres jouent la carte des spots humoristiques, comme ce site américain : sur un écran de télé, le drapeau américain se fond dans la neige, puis reparaît avec les étoiles et les barres mal placées, des couleurs inversées voire erronées, tandis que l'hymne américain déraille. Le message : les Etats-Unis connaissent des "difficultés techniques" avec leur démocratie et il est demandé au monde de patienter le temps qu'ils les règlent.

Source: Journal du Net (12/02/2003)

 

Ces weblogs qui intriguent le Net

Aux Etats-Unis, ils divisent la communauté des médias : sont-ils le futur de la presse en ligne ou le stade ultime de l'amateurisme ? En France, ils commencent à émerger. Il y aurait aujourd'hui plus de 1,3 million de weblogs référencés dans le monde et 1 500 à 2 000 nouveaux arrivants par jour. Sur ces "journaux de bord en ligne", apparus à la fin des années 90, les auteurs ("les bloggers") se sentent la fibre journalistique. Chacun y allant de sa chronique, de son analyse ou de son point de vue.

On trouve des weblogs sur tous les thèmes : religion, technologie, recherche scientifique, agroalimentaire, cinéma, politique ou encore - Internet oblige - érotisme et pornographie. Ensemble, ils forment la "Blogosphere", espace virtuel imaginé par William Quick, pionnier de cette nouvelle forme de communication et créateur du weblog Daily Pundit, l'un des meilleurs points d'observation du phénomène mondial.

Si le rythme de création des weblogs s'est intensifié depuis quelques mois, c'est en raison des événements internationaux. De même que l'IRC (Internet Relay Chat) s'est démocratisé avec la guerre du Golfe - an ayant permis la communication en direct entre les envoyés spéciaux et leur rédaction durant le conflit - l'engouement pour les weblogs s'est accéléré après les événements du 11 septembre 2001. Dans un éditorial paru en début d'année, Virginia Postrel, ex-éditrice du magazine américain d'opinion Reason, souligne qu'après "avoir atteint le 'ground zero', les américains ont eu le désir de savoir ce que leurs collègues, leurs voisins et le monde entier pensaient et ressentaient. Les weblogs fournissaient le moyen idéal de transmettre ces impressions".

Des plates-formes d'édition clé en main

Nés sous le signe du bricolage, en marge de l'Internet, les weblogs ont profité de ce brusque regain d'intérêt pour se professionnaliser sur le plan technique. "Ce qui n'était en soi qu'une variante de la page personnelle au format HTML simple, est rapidement devenue un outil d'édition complet" estime sur son propre site Rebecca Blood, auteur du guide Weblog Handbook. Aujourd'hui, les weblogs s'appuient sur des plate-formes d'édition clé en main, proposées par certains éditeurs tels que Blogger.com, Userland.com, MoveableType ou Greymatter. Toutes ces plates-formes se basent sur du XML, le méta-langage apparu à la fin des années 90. Ces solutions ont l'énorme avantage d'archiver des données très simplement, autorisant ainsi une très grande flexibilité et facilité d'édition. Conséquence directe : les webloggeurs peuvent aggréger leurs contributions en ligne et alimenter leurs rubriques continuellement sans passer par un webmaster.

Grâce à ces plates-formes, en quelques mois est apparue une multitude de weblogs magazines de grande taille. On dénombre près d'une soixantaine de chroniqueurs pour Blogcritics.org (un weblog satirique sur les... weblogs) et plus de 150 pour InstaPundit.com, l'un des plus grands weblogs du monde, consacré également aux weblogs. Sur ces deux adresses, l'adhésion est libre, le désistement aussi. Les internautes qui y restent sont considérés comme des défricheurs de l'Internet. Et certains Weblogs, comme Feedmag.com ou Slashdot.com, sont perçus comme des sources d'information à part entière par les professionnels des secteurs concernés.

Ce statut de média place aujourd'hui les weblogs sur le devant de la scène et au beau milieu d'un débat agité. Pour les "pro-weblogs", ce nouvel espace Internet "forme un contre-pouvoir médiatique", comme l'estime sur son site Glenn Reynolds, professeur de droit constitutionnel à l'Université du Tennessee aux Etats-Unis et créateur d'InstaPundit.com. "Les weblogs disent ce que les journalistes n'osent pas dire, poursuit-il. Ils révèlent une autre vision qui relativisent l'information véhiculée par les grands organes de presse." Pour les "anti-weblogs", ces nouveaux espaces d'échange ne doivent pas, au contraire, être considérés comme des sources d'information. En mars dernier, dans une chronique publiée dans la magazine d'opinion American Propect, Natasha Berger s'est inquiétée du "sérieux défaut de contrôle de qualité des weblogs" qui sont des "parutions sans éditeurs".

La presse en ligne se met au weblogging

Si beaucoup d'acteurs de la presse ont adhéré à ce discours méfiant, voyant au travers des weblogs apparaître une nouvelle forme de concurrence, d'autres ont en revanche choisi de rebondir sur le phénomène. Certains grands quotidiens en ligne s'essaient désormais au "weblogging". Une solution pratique qui leur permet notamment d'ouvrir un espace dédié à leurs grands reporters ou à leurs spécialistes qui peuvent directement publier en ligne des analyses ou des commentaires. Sur le site du New York Times, Paul Krugman, nominé au Prix Nobel d'économie, bénéficie d'un tel dispositif. Sur le site d'ABC News, les journalistes de la rédaction internationale disposent également d'un weblog. D'autres sites d'information en ligne proposent même à leurs lecteurs de devenir leurs chroniqueurs. C'est le cas de Salon.com, pionnier du magazine en ligne aux Etats-Unis, qui a lancé une offre de weblogging payante en juillet dernier.

La presse en ligne n'est pas la seule à s'intéresser au phénomène. Chez les grandes marques, les weblogs constituent déjà un nouvel instrument pour les campagnes de marketing d'influence, au même titre que les forums. Certaines marques parient sur la notoriété acquises par des weblogers et les paient pour parler d'elles. Gizmodo.com, un weblog sur les nouveaux produits de haute technologie, a poussé le concept plus loin : il marchande la publication des communiqués. Au sein des entreprises, la vague weblog commence également à déferler. Certaines sociétés proposent par exemple à leurs chefs de projet de tenir des "business weblogs" afin de dialoguer avec l'équipe sur l'état d'avancement.

Pour les weblogs publics aujourd'hui présents sur la Toile, reste néanmoins une question de taille : le modèle économique. Encore en marge du marché publicitaire online, les weblogs vivotent grâce à quelques boutons-bannières du Honor System d'Amazon.com ou du Paypage System de PayPal. Pour s'imposer, et survivre, les weblogs devront réussir là où les "pages perso" ont échoué : démontrer l'attrait du marché communautaire.

Source: Journal du Net (10/09/2002)

 

Tour d'horizon des réseaux militants sur le Net

Lutte anti-mondialisation, pour la liberté d'expression ou pour un web indépendant, les sites IndyMédia, Minirézo, et autres Samizdat utilisent les techniques de l'Internet pour faire circuler de façon autonome l'information militante.

Samizdat.net

Samizdat.net est, selon l'un de ses fondateurs, Aris Papatheodorou, "un collectif qui travaille pour que les militants du mouvement social s'approprient les outils de l'Internet".

Fournissant un gros travail de recherche et de mise en circulation de l'info militante, bourré de liens, d'archives et tribunes, Samizdat est certainement l'un des réseaux les plus efficaces. Repéré récemment pour son gros travail sur la Conférence des contre-cultures digitales (Samizdat a hébergé le site de la ZeligConf et relayé l'événement), le site réussit à faire preuve d'une grosse présence sur les évènements phares liés aux combats du mouvement social dans son ensemble (Nice, Porto Alegre, et actuellement le procès des inculpés du démontage du McDo de Millau).

Très présent sur le Net, Samizdat fournit également un gros travail en dehors pour fournir aux participants au mouvement social des formations destinées à leur permettre de s'implanter de façon efficace sur l'Internet , dont l'objectif et de réussir à "ne pas déléguer l'info militante aux médias classiques, alors que le Net fournit tout les outils nécessaire pour une grande autonomie dans la diffusion de cette information", explique Aris Papatheodorou.

IndyMédia France

Membre du réseau Independant Media Center, né lors du contre sommet de Seatlle en 1999, et qui se présente comme "une agence de presse collectivement gérée, pour créer des supports de communication radicaux et passionnés, IndyMédia France fournit au quotidien une information sur le combat anti-mondialisation et sur la lutte pour la liberté d'expression.

Bénévole mais fonctionnant comme une véritable agence de presse, IndyMédia dépêche des envoyés spéciaux sur les grands évènements (Nice, contre-sommet de Davos), qui donnent un suivi en quasi-temps réel et recueillent les témoignages des participants (jouant à fond la carte du multimédia, le site propose également des reportages audio et vidéo). S'appuyant sur un réseau international présent en Grande-Bretagne, en Suisse, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, au Mexique, ou en Colombie, IndyMédia est une véritable mine d'or militante électronique.

Minirezo

Farouche défenseur de l'Internet citoyen, le Minirézo est un organe de publication indépendant qui fournit de nombreux textes militants selon une politique éditoriale plutôt originale : "on publie d'abord, et on s'engueule ensuite."

Parmi les auteurs de textes déjà repérés sur le Minizéro, on trouve aussi bien d'illustres inconnus que des plumes aiguisées (comme Michael Moore ou Mona Chollet). Loin d'être uniquement un organe de publication sauvage, le Minirézo propose également des séries d'articles plutôt bien ficelées, qui concernent par exemple le Web indépendant, le journalisme et l'internet (le Minirézo s'est notamment livré à une controverse avec Philippe Val sur le sujet), la répression.

Réseau Voltaire

Récemment mis sous les feux de l'actualité suite à l'affaire qui l'a opposé au FN Carl Lang (le militant d'extrême droite étant débouté, mais la décision du tribunal mettant l'archivage d'informations sur le Net en danger) le Réseau Voltaire est l'un des réseaux militants phares disponibles sur le Net.

Le Réseau met en ligne plus de 6000 documents destinés à lutter "pour la liberté d'expression et la laïcité" et propose des éclairages, des enquêtes, des sélections bibliographiques et des dossiers très complets sur des sujets brûlants : le système de surveillance américain Echelon, les réseaux Pasqua, la Corse, ou la réforme de l'IVG. Seul regret : l'accès à certains documents reste payant.

Imaginons un réseau Internet solidaire (IRIS)

Pour l'IRIS, constitué en assocation, il existe un autre Net. Ennemi du Net marchand, le site a pour objectif de "favoriser la défense et l'élargissement des droits de chacun à la libre utilisation des réseaux électroniques, notamment en termes de production, de mise à disposition et de circulation des contenus".

Fourmillant d'infos sur l'utilisation citoyenne du Net, l'IRIS propose de nombreux documents, consacrés par exemple à la cybercrminalité, à l'affaire Yahoo, ou encore à l'Internet soumis aux règles du marché. Ces derniers jours, l'IRIS a mis en ligne un dossier d'analyse très complet sur l'avant-projet de loi sur la société de l'information (LSI).

Source: Les Inrocks (16/02/2001)