Grand-banditisme et criminilaté arrivent sur Internet
La mafia new-yorkaise organise des opérations très lucratives sur le web Un membre présumé de la famille mafieuse new-yorkaise Gambino a été arrêté et accusé d'avoir monté une escroquerie sur internet ayant rapporté quelque 230 millions de dollars, a indiqué mardi la justice américaine. Dans un communiqué, le procureur fédéral de Brooklyn Roslynn Mauskopf a indiqué que Richard Martino était accusé d'avoir inventé, avec des complices, un moyen d'extorquer à des milliers d'internautes de par le monde de petites sommes d'argent à leur insu. Richard Martino avait pour cela fondé une société de services informatiques ayant passé un accord avec l'éditeur de magazines Crescent, qui publie notamment des revues comme "Playgirl", "High Society", "Climax" ou "Young Girls". Via des liens sur les sites internet de ces revues, Martino proposait de fausses "visites gratuites" de sites érotiques, pour lesquelles il fallait toutefois fournir ses numéros de cartes de crédit. Les internautes étaient ainsi d'office "abonnés" à ces sites, la plupart du temps pour 59,99 dollars par mois. Lorsque les clients se plaignaient à la société éditrice des sites web, ils obtenaient après bien des démarches le remboursement de leur abonnement. C'est le nombre anormalement élevé de demandes de remboursement auprès de la carte Visa qui a alerté les enquêteurs. "Cette escroquerie massive a porté atteinte au commerce électronique dans le monde entier" a commenté Roslynn Mauskopf "et maintenant les accusés vont devoir rendre des comptes". S'ils sont reconnus coupables, Richard Martino et ses complices risquent ving ans de prison et des amendes pouvant atteindre le double du butin, soit 460 millions de dollars. Source: AFP (19/03/2003)
Douze cybergendarmes pour nettoyer la Toile Un vaste bureau que rien ne distinguerait des autres, si ce n'est les adresses de tous les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) de France, placardées en gros sur les murs. Au service technique de recherche judiciaire et de documentation (STRJD) du fort de Rosny-sous-Bois, véritable laboratoire de recherche de la gendarmerie nationale, les douze hommes de la «cellule Internet» se relayent pour surveiller le réseau en permanence. Leur mission: «traquer les cybercriminels et assister les unités locales dans leurs investigations sur le Net», explique l'adjudant Patrick Allard, l'un des «cybergendarmes». Si les nouvelles technologies ont pris une place prépondérante dans notre société, les enquêteurs de terrain ne disposent pas toujours des moyens et des compétences pour faire face aux infractions qui en découlent. «Nous organisons des formations pour placer des gendarmes spécialistes de la cybercriminalité en région, indique l'adjudant Allard. Reste que, à peu près 2 000 enquêtes par an sont confiées en direct aux brigades, pour des dossiers qui dépassent leurs compétences.» Dans 40% des cas, il s'agit de fraude à la carte bleue. A l'origine, une plainte déposée dans une brigade locale après que le code de Carte bleue de la victime a été utilisé pour des achats en ligne, sur des sites étrangers le plus souvent. «Nous prenons alors contact avec la société de vente par correspondance qui, si tout va bien, nous fournit l'adresse de livraison des colis, les suspects sont ainsi facilement identifiés», explique ce gendarme. La cellule est également saisie pour des signalements de sites Internet à caractère pédophile, diffamatoire, etc. «Il s'agit alors pour nous d'identifier le propriétaire du site via son hébergeur, un prestataire technique ou un intermédiaire financier», indique l'officier. L'autre grande activité des cybergendarmes consiste à surveiller la Toile 24 heures sur 24. Ils sont aidés en cela par un logiciel qui effectue des recherches systématiques par mots-clés sur le Web. «Tous les cyberdélinquants, du hacker (pirate informatique) au pédophile, utilisent un jargon spécifique, note l'adjudant Allard. Les spécialistes de l'escroquerie à la carte bancaire, par exemple, désignent leur activité sous le nom de «carding». Chaque soir, le logiciel nous fournit un compte rendu de tous les sites et les forums où ce mot est apparu.» A partir de ces données, les gendarmes tentent d'isoler les délinquants et de transmettre le dossier à l'autorité compétente: une brigade locale Interpol si nécessaire. Au-delà de cette démarche de veille, le département informatique-électronique de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) analyse le contenu de tout le matériel informatique saisi lors des perquisitions. Installés à quelques pas de la cellule Internet du STRJD, les locaux du département sont jonchés d'ordinateurs à moitié démontés, entre deux étagères surchargées de cédéroms et de disquettes. Calé devant son ordinateur, le lieutenant Florent Lesobre passe le plus clair de son temps à identifier des photos que les pédophiles échangent d'un ordinateur à un autre. «Sur les quelques millions de photos pédophiles qui circulent dans le monde, nous en avons trié à peu près 80 000 dans notre base de données provisoire, indique cet informaticien de formation. Mon travail consiste à effectuer des recoupements entre ces photos pour identifier des séries, et permettre aux enquêteurs de faire le lien entre différentes affaires.» Le département dispose notamment d'un logiciel qui permet, à partir d'un élément isolé sur une photo - un motif de papier peint, un tee-shirt, un jouet - de repérer en quelques minutes toutes les photos de la base de données où cet élément apparaît. Un autre logiciel permet d'effectuer des recoupements à partir d'un visage. Toutes les images présentant un indice d'identification - plaque minéralogique, produit typique d'un pays... - sont également mises de côté. Tâche sordide, nécessitant un accompagnement psychologique des enquêteurs, mais qui constitue pourtant une phase clé dans l'identification des réseaux, des agresseurs et de leurs victimes. Ce faisant, les Français travaillent essentiellement pour leurs collègues étrangers. «Les pédophiles français échangent des images du monde entier, constate le capitaine Freyssinet, mais ils prennent rarement des photos eux-mêmes.» Source: Le Figaro (11/03/2003)
Internet : La foire aux cyberstups Bilan : Un rapport des Nations unies révèle lexplosion du trafic de drogue grâce aux facilités offertes par Internet. La mobilisation internationale est laborieuse, les moyens insuffisants. Le constat de lOrgane international de contrôle des stupéfiants (OICS) des Nations unies est sans appel : le merveilleux outil quest Internet sert aussi à tous les trafics, en premier lieu celui de la drogue. Un marché planétaire, rapide et quasiment sans risque de se faire prendre. Le rapport 2001 de lOICS démontre lexplosion du trafic de stupéfiants et lextrême vulnérabilité des jeunes à cette cybercriminalité : ils « peuvent être entraînés dans la criminalité liée à la drogue par les activités de désinformation, de propagande ou dendoctrinement Lorsque lapproche est virtuelle, les signaux dalarme qui pourraient dissuader ou effrayer les jeunes dans le monde réel sont réduits au minimum » Membre de lOICS, expert au programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues, le Français Jacques Franquet redoute les défis de la mondialisation et des nouvelles technologies dans la lutte contre les narcotrafiquants : « A cause dInternet, on assiste aujourdhui à une amateurisation du trafic. » Propos confirmés par Hamid Ghodse, président de lOICS, qui estime quil nest plus nécessaire dêtre un professionnel, puisqu« il est facile de trouver sur la toile des recettes pour fabriquer artisanalement des stupéfiants ». De nouveaux outils de travail Les trafiquants utilisent les forums de discussion pour acheter ou revendre de la drogue. Ils passent par les pharmacies en ligne pour se procurer des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance. Ils recourent aux messages électroniques pour convenir de points de livraison des stupéfiants, aux banques en ligne pour blanchir de largent Les logiciels de cryptage, les cartes téléphoniques prépayées, la téléphonie par satellite sont les nouveaux outils de travail des narcotrafiquants, comme ces cartels de trafiquants colombiens et mexicains qui ont su utiliser du matériel perfectionné pour espionner les enquêteurs et intercepter leurs communications, ou ces délinquants chinois assez habiles pour pénétrer la base de données des douanes afin de falsifier les caractéristiques dun envoi de marchandises. Face à cette criminalité high tech, les armes ne sont plus tout à fait au point Les polices nationales de plusieurs pays, dont le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, ont créé des services chargés exclusivement de la cybercriminalité. Mais trop de pays vulnérables ne possèdent ni les ressources humaines, ni les moyens techniques et financiers nécessaires à ce combat antidrogue. Cest le cas de lAfghanistan, où la culture illicite du pavot à opium a repris à grande échelle. De nombreux pays en voie de développement se sont pourtant engagés dans des campagnes déradication du cannabis, ce qui permet à lOICS de condamner le projet de dépénalisation partielle du cannabis en Suisse. La tolérance dont font preuve certains pays dEurope à légard des drogues dites douces a de quoi inquiéter les responsables de la lutte contre les trafics. LOICS sinquiète ainsi du « décalage croissant entre la politique officielle des pays telle quelle est présentée au niveau international et sa mise en uvre ». Source: Valeurs Actuelles (22/03/2002)
Drogue et Internet Selon l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) des Nations Unies, les nouvelles technologies comme Internet posent des difficultés pour la détection et la répression des infractions en matière de drogues dans le contexte d'une mondialisation croissante. Dans son rapport pour l'année 2001, l'OICS déclare : «Si nous ne voulons pas qu'Internet devienne un réseau mondial au service du trafic de drogues et de la criminalité, il nous faut être plus vigilants au niveau local et renforcer la coopération internationale en matière d'investigation et de poursuite des délits informatiques.» Pour l'OICS, «les difficultés en matière de détection et de répression des infractions liées à la drogue peuvent être classées en quatre catégories : structurelles/liées aux mentalités; juridiques; techniques/matérielles; relatives à la vie privée/à la liberté d'expression.» Des cas. En Australie, les trafiquants utilisent les fonctions de suivi des colis offertes par les sociétés de messagerie pour suivre leurs envois sur le site Web de ces sociétés. Un retard peut indiquer aux trafiquants qu'une opération de livraison surveillée est sur le point d'être effectuée. Les services de détection et de répression des infractions en matière de drogues de la République tchèque signalent qu'aujourd'hui, des ventes et des achats de drogues illicites sont conclus en ligne dans des cybercafés ou par téléphone mobile. Au début de l'année 2000 les autorités du Royaume-Uni ont identifié plus de 1 000 sites Web dans le monde proposant la vente de drogues illicites, principalement du cannabis mais aussi de la méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA, communément appelée ecstasy), de la cocaïne et de l'héroïne, en violation directe des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. C'est aux Pays-Bas et en Suisse que ces sites étaient les plus nombreux. Sur le plan technique, le chiffrement serait pour les autorités policières une arme à deux tranchants. Il facilite le commerce électronique en assurant des conditions de sécurité, permet de protéger la vie privée et, combiné à l'utilisation de signatures numériques, contribue à empêcher l'accès non autorisé aux systèmes d'information. Il est également très utile aux services de répression pour leurs communications et pour la protection de leurs sources et de leurs données. Mais pour les forces policières : «ces avantages semblent de peu de poids devant la protection que le chiffrement offre aux criminels.» Bref, pour l'OICS : «certains signes donnent à penser que l'utilisation des nouvelles technologies pour la fabrication illicite et le trafic des drogues prend de l'ampleur. C'est pourquoi l'absence de dispositions relatives à la drogue dans les lois existantes sur la cybercriminalité est un sujet de préoccupation.» L'Organe propose diverses solutions pour lutter contre la cyber narcocriminalité, comme l'harmonisation des lois entre États, et des ressources et des pouvoir accrus de surveillance et d'enquête. Il se montre cependant prudent dans ses recommandations, notamment en matière de droits : «Les craintes exprimées par les groupes de défense des libertés publiques quant aux atteintes à la vie privée et aux restrictions potentielles de la liberté d'expression sont légitimes et doivent être prises en compte.» Par exemple, si l'offre de conseils sur la manière de se procurer des drogues ou des précurseurs à des fins illicites devrait également être considérée comme un encouragement ou une incitation à la consommation, un site Web qui, par exemple, débat de la légalisation de l'usage des stupéfiants à des fins non médicales n'entre pas nécessairement dans cette catégorie, et l'interdiction de ce genre de sites pourrait, dans de nombreux pays, aller à l'encontre du principe de la liberté d'expression. L'OICS estime toutefois que la légalisation de certaines drogues douces constituerait une «erreur historique». Le rapport d'activités pour 2001 ne tient pas compte des récents changements politiques en Afghanistan, mais dans un communiqué publié le même jour que le rapport, l'Organe lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte «une assistance technique et financière adéquate à l'Afghanistan de sorte que ce pays puisse s'acquitter de ses obligations au titre des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Il exhorte par ailleurs les autorités afghanes à s'engager, aujourd'hui et pour l'avenir, à respecter strictement les dispositions de ces traités.» On sait que le régime taliban, dans un effort de réconciliation avec les pays occidentaux, avait mené la lutte aux producteurs d'opium en Afghanistan (notre chronique du 23 octobre 2001). Par contre, dans l'état actuel du pays, les observateurs estiment que d'ici quelques semaines des milliers de tonnes d'opium atteindront les marchés européens et internationaux (voir article du Boston Globe). La situation inquiéterait notamment le gouvernement britannique car cette abondance d'opium raffinée en héroïne, et disponible à très bas prix, ne fera qu'aggraver le problème de consommation en Grande-Bretagne qui compte 277 000 héroïnomanes. Entre temps, aux États-Unis, l'administration Bush II a annoncé son intention de réduire de 25 % en cinq ans la consommation de drogues illégales au pays. George Dubya Bush, qui a demandé au Congrès un budget annuel de 19,2 milliards de dollars pour mener la lutte contre la drogue, a associé celle-ci au terrorisme. En début de mois, il a déclaré : «Si vous achetez des drogues illégales aux États-Unis, il y a à parier que cet argent se retrouvera dans les coffres d'organisations terroristes» (voir article du Washington Times). Le bureau de la Maison blanche responsable de la politique en matière de drogues illégales avait retenu à fort prix du temps d'antenne pour diffuser des publicités anti-drogues sur ce thème lors de la récente classique de football Super Bowl. Dans l'une d'elles, on y voyait tour à tour des jeunes figurant personnifiant des consommateurs de drogues déclarant : «J'ai aidé au meurtre d'une famille en Colombie [...] J'ai contribué à l'enlèvement de pères de familles [...] J'ai aidé un terroriste à obtenir un faux passeport.» Bref, la pub anti-drogue à la saveur du jour. La Maison blanche a également lancé une offensive publicitaire sur le Web et invite les webmestres à utiliser (sans rémunération) les bandeaux publicitaires préparés à cet effet. Source: Chroniques de Cybérie (05/03/2002)
Narco et cyber-criminalité sépaulent Internet sert, aussi, à promouvoir, vendre et acheter de la drogue, tout en facilitant le blanchiment de largent issu de ce trafic. LOrgane international de contrôle des stupéfiants (OICS) met en garde, dans son rapport annuel, contre le développement du marché de la drogue grâce aux nouvelles technologies. Quand narco-criminalité et cyber-criminalité sépaulent. Dès 1997, lOrgane international de contrôle des stupéfiants attirait lattention des gouvernements sur lusage de linternet pour inciter, notamment les jeunes, à la consommation de drogues. Lannée suivante lOICS notait que le réseau des réseaux permettait de diffuser des informations détaillées, sortes de livres de recettes, sur la fabrication illicite de drogues par tout un chacun. En 2000, la sonnette dalarme était tirée, cette fois, à propos des pharmacies en ligne proposant et vendant sans ordonnance des substances pourtant sous contrôle en raison de leur utilisation illicite comme psychotropes. La facilité daccès à internet met donc cette délinquance à la portée de pratiquement nimporte quel amateur. Cette année, dans son rapport 2001, lOICS franchit un pas de plus et met en évidence une -criminalité au service du trafic mondial de drogue. Internet permet de vendre et dacheter en ligne, de tromper la police et la douane et, ensuite, de blanchir largent sale du trafic de drogue. Les exemples ne manquent pas. En république tchèque ventes et achats de drogue seffectuent dans les cybercafés ou au moyen de téléphones mobiles. Aux Pays-Bas, des sociétés vendent par internet des semences de cannabis et des dérivés du cannabis. Le Royaume-Uni et lIrlande du Nord ont recensé plus dun millier de sites web proposant cannabis et ecstasy. En Australie, les trafiquants utilisent le service proposé par des entreprises de messagerie pour suivre lacheminement de leurs envois sur le site web de ces sociétés : le moindre retard les alerte sur un risque de contrôle et leur permet de disparaître. Forums de discussions A Hong Kong les autorités signalent les difficultés qu'elles rencontrent pour déceler le blanchiment de largent de la drogue avec le développement des services bancaires en ligne. Mais un simple téléphone mobile fonctionnant avec des cartes prépayées, donc anonymes, rend également bien des services aux fraudeurs Entre les Etats-Unis et la Colombie les trafiquants communiquaient par lintermédiaire de forums de discussion sur internet. Les mafias recrutent des informaticiens afin de déjouer les enquêtes de police. Cette cyber-criminalité nest pas, en revanche, à la portée de nimporte qui. Et, comme le rappelle Jacques Franquet, membre de lOICS, la drogue, la corruption, le blanchiment et le terrorisme étant intimement liés une réponse ferme des Etats simpose. Des techniques de pointe contre cette criminalité sont déjà mises en uvre dans les pays industrialisés. Mais lOICS redoute que les pays qui nont pas la législation appropriée pour lutter contre lusage criminel des nouvelles technologies, ou pas les moyens humains et financiers de le faire, ne se transforment en «refuges». LOICS souhaite ladoption dune convention des Nations unies contre la cyber-criminalité, à limage de celle qui est en voie de conclusion au Conseil de lEurope. Elle aurait pour objectif dharmoniser et de coordonner les législations, en renforçant la coopération internationale. Source: RFI (28/02/2002)
Les trafiquants de drogue utilisent de plus en plus Internet Gare aux cyberdealers. Les trafiquants de drogue utilisent de plus en plus Internet pour écouler leur marchandise, blanchir de l'argent et échanger des informations, s'inquiète l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans un rapport publié aujourd'hui. Le doublement de l'utilisation d'Internet tous les six mois et le fait que 700 millions de connectés étaient recensés à la fin de l'an dernier rendent nécessaires une vigilance et une coopération internationale accrues, souligne Hamid Ghodse, président de l'OICS. Il s'agit d'«empêcher Internet de devenir un réseau mondial du trafic de drogue». L'agence onusienne, basée à Vienne, cite plusieurs exemples préoccupants recensés dans le monde. Aux États-Unis, l'échange de techniques sur Internet pour la fabrication d'amphétamines dans des laboratoires clandestins est si répandu qu'il est désormais pratiqué par des non spécialistes, ce qui aboutit souvent à des accidents potentiellement graves comme des explosions et des incendies. «Dans le passé, les recettes de drogues étaient des secrets jalousement gardés, mais avec la technologie informatique moderne et le disposition croissante des chimistes à partager leur savoir, ces informations sont aujourd'hui disponibles à quiconque ayant accès à un ordinateur», souligne le rapport. En République tchèque, les autorités font état d'une hausse des ventes et achats de stupéfiants conclus dans des cybercafés ou via des messages (SMS, texto) entre téléphones portables. «Les transactions (...) étant décidées instantanément et sur de courtes distances, l'interception par les forces de l'ordre est beaucoup plus difficile», note le rapport. En Australie, les trafiquants utilisent les services de suivi sur Internet proposés par des sociétés de transport international pour savoir si le voyage de colis de drogues se déroule comme prévu. Tout retard peut signifier que le chargement a été intercepté et donner ainsi le temps aux dealers de brouiller les pistes. À Hong Kong, la police remarque que détecter le blanchiment de l'argent de la drogue est devenu compliqué maintenant que beaucoup de dealers utilisent le commerce électronique et les services bancaires en ligne. Les dealers utilisent Internet «pour déplacer électroniquement des sommes importantes dans le monde avec rapidité, facilité et confidentialité, des caractéristiques idéales pour blanchir l'argent de la drogue», note l'OICS. D'autres organismes remarquent une tendance similaire. Un récent rapport d'une agence de l'Organisation des États américains (OEA) souligne qu'Internet est devenu le média le plus largement utilisé pour développer la production de drogues synthétiques dans certains pays d'Amérique centrale et du sud. Interpol estime de son côté que plus d'un millier de sites Web dans le monde, principalement basés en Suisse et aux Pays-Bas, vendent du cannabis, de l'ecstasy et d'autres drogues illégales. «Quand l'approche est "virtuelle", les signaux d'avertissement qui pourraient dissuader ou effrayer une personne jeune dans le monde réel sont minimisés», prévient l'OICS. Un patchwork de lois hétérogènes d'un pays à l'autre donne aux trafiquants l'occasion de recourir à Internet «pour minimiser les risques liés à la violation des lois et maximiser les profits», souligne le rapport qui appelle à une convention de l'ONU sur la cybercriminalité. Bien que certains pays ont mis au point des logiciels spécialisés pour dépister les communications suspectes sur Internet, les gouvernements doivent aussi tenir compte des lois protégeant la vie privée et la liberté d'expression. Source: MultiMédium (27/02/2002)
Internet : une belle planque pour les dealers ? Une agence de l'ONU, l'OICS (Organe International de Contrôle des Stupéfiants) a interpellé les gouvernements mercredi en rendant public un rapport démontrant que les trafiquants de drogue utilisent de plus ne plus Internet pour leur "commerce". Ils tirent profit d'Internet pour vendre de la drogue, notamment dans les forums de discussion dont l'accès est protégé par des pare-feux informatiques (firewalls). Certains sites vendent aux internautes du monde entier des graines de cannabis, de l'ecstasy, des médicaments sur prescription... Le caractère "sans frontière" d'Internet rend la tâche ardue aux policiers. "L'OICS s'inquiète particulièrement du fait que certains pays, qui ne disposent pas de législation adéquate contre la criminalité faisant intervenir les nouvelles technologies, deviennent des sanctuaires", peut-on lire dans le rapport. L'organisme donne en exemple la République tchèque, où les autorités font état d'une hausse des ventes et des achats de stupéfiants conclus dans des cybercafés ou via des messages (SMS, texto) entre téléphones portables. Aux Etats-Unis, l'échange sur Internet de techniques pour la fabrication d'amphétamines dans des laboratoires clandestins est très fréquente. Manipulées par des chimistes en herbe, ces "mixtures" ont déjà provoqué de graves explosions. L'OICS note également que le Web est utilisé pour suivre en ligne les envois des narcotrafiquants via des services de transports et pour blanchir ou transférer de l'argent grâce aux banques en ligne. Source: L'Internaute (27/02/2002)
Des détectives informatiques sur la trace des criminels Les dossiers criminels, parfois tentaculaires, sont désormais analysés par des logiciels qui permettent de visualiser tous les éléments de l'enquête. Anacrime a ainsi permis d'élargir le champ des recherches concernant Patrice Alègre, auteur présumé de plusieurs viols et meurtres. Un laboratoire du nouveau centre de la police technique et scientifique installé à Ecully Aux murs du sous-sol encombré d'ordinateurs, les posters bucoliques le disputent à des graphiques aux allures de vastes toiles d'araignée, à des cartes retraçant des parcours meurtriers, dont celui du présumé tueur en série Patrice Alègre. Des hommes en bleu pianotent sur leur clavier pour entrer en mémoire des masses d'informations. Une fois ordonnées par des logiciels dont ils connaissent toutes les subtilités, elles laisseront filtrer une information négligée, ouvriront une nouvelle piste, ou "fermeront la porte" sur certaines hypothèses, selon les termes de l'adjudant Beuvelet, chef de ces analystes méticuleux. Nous sommes au cur de la cellule "analyse criminelle" du service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD) de la gendarmerie nationale, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Depuis 1994, cette unité utilise une série d'outils informatiques, baptisée Anacrime, qui a révolutionné le travail des enquêteurs. Le logiciel vedette, qui permet de visualiser des liens parfois passés inaperçus entre diverses personnes citées dans une enquête, mais aussi de débusquer les incohérences dans les témoignages, c'est Analyst's Notebook, développé par la société britannique i2 et adopté par de nombreuses forces de police à travers le monde, police nationale et FBI compris. "Dans les grosses enquêtes, le nombre de pièces n'est plus à taille humaine, note le commandant Queva, chef de la cellule d'analyse criminelle. Le logiciel permet à l'enquêteur de schématiser un dossier." Anacrime est déployé dans les unités de recherche, et 500 gendarmes ont été formés à son utilisation. Mais, pour les enquêtes les plus volumineuses, les spécialistes du STRJD entrent en piste. Le mode d'emploi est simple : "A 90 %, notre travail consiste à intégrer les données", résume l'adjudant Beuvelet. Les analystes doivent d'abord entrer pièce par pièce tous les éléments du dossier qui leur sont transmis par le directeur d'enquête. Il faut avant tout être "un bon gestionnaire des documents, pour retrouver l'information utile", estime l'adjudant. Les analystes s'appuient sur des outils commerciaux de gestion des données, comme Access et Excel de Microsoft. Puis vient la phase de confrontation de ces éléments, grâce à Analyst's Notebook, qui permet de schématiser aussi bien les aspects événementiels - la chronologie - que relationnels d'une affaire : liens entre les personnes, flux financiers ou téléphoniques, etc.
"Par exemple, pour l'attaque d'un dépôt de fonds, on peut retracer les faits minute par minute, grâce aux témoignages, et mettre en évidence le rôle de chaque acteur, reproduire une sorte de film du braquage", explique le gendarme. Lors de la disparition d'une personne, il peut être éclairant de confronter les déclarations des différents témoins, "cela fait ressortir immédiatement les trous, les incohérences", volontaires ou non. Après le crash du Concorde d'Air France, en juillet 2000, la cellule a été sollicitée pour retracer toutes les étapes du vol. La chronologie intégrait des centaines de témoignages, que le logiciel a permis d'ordonner ou d'écarter, offrant une frise de plusieurs mètres de long. Les outils d'Anacrime ont aussi été employés pour faciliter la restitution des milliers de bijoux et valeurs dispersés lors du crash. Le carambolage de l'A13 qui, le 29 septembre 1997, à hauteur de Bourg-Achard (Eure), avait fait 12 morts et 106 blessés, a lui aussi été reconstitué par ce moyen. Mais ce sont les affaires criminelles qui sont le lot quotidien de la cellule. Un simple croisement de données peut suffire, comme dans cette affaire de viol et de meurtre d'une fillette dans la Nièvre, où des témoins affirmaient avoir vu un ouvrier agricole sur une mobylette le jour du drame. Il a suffi de "mouliner" la liste des travailleurs agricoles et des assurances pour cyclomoteur de la région pour obtenir une poignée de suspects, dont faisait partie le meurtrier. Poursuivant sa démonstration, l'adjudant Beuvelet manipule sur écran un cercle doté d'une multitude de rayons représentant l'ensemble des liaisons téléphoniques d'un individu. Il le couple à une seconde roue figurant un autre acteur du dossier, clique sur un critère de sélection qui fait aussitôt apparaître les relations communes entre ces deux personnes. La cellule, qui travaille actuellement sur une affaire nécessitant le traitement de 250 000 communications téléphoniques, serait impuissante sans de tels outils. "Auparavant, faute de moyens, les enquêteurs négligeaient tout simplement ces données", se souvient un des analystes, qui, comme tous ses collègues, a une solide expérience du terrain.
Un autre cite une affaire de meurtre où chance et informatique ont fait bon ménage : le listing téléphonique avait fait ressortir un "flux téléphonique" quotidien entre la victime et son entourage. Le jour du meurtre, tous ses proches ont cherché à la joindre à plusieurs reprises - sauf une personne, qui s'est révélée être la coupable... De la même manière, la schématisation des flux financiers est un révélateur puissant. "Dans les affaires de blanchiment, elle peut faire apparaître des gens qui ne sont même pas cités dans la procédure", mais qui se trouvent au sommet de la pyramide des versements financiers. La gendarmerie aurait-elle trouvé un instrument tout-puissant ? "Nous n'avons pas la prétention de résoudre l'enquête", tempère l'adjudant Beuvelet. Anacrime offre la possibilité de "mieux gérer un dossier. C'est un outil d'aide à la décision, qui permet surtout de ne rien oublier". A condition que les données de base qui remontent du terrain soient de bonne qualité. Ainsi, ce qui est finalement devenu l'affaire Alègre, semble avoir été émaillé d'erreurs et d'imprécisions dans les premières phases d'enquêtes, où des homicides avaient d'abord été classés en suicides (Le Monde du 12 février). Anacrime n'a permis qu'après coup de rouvrir des pistes. "Tout part des constatations sur le terrain", reconnaît le lieutenant-colonel Missiaen, chef du STRJD, pour qui, même s'appuyant sur des technologiques nouvelles, "l'enquête judiciaire n'est malheureusement pas une science exacte." Mais de plus en plus d'enquêteurs sont enclins à laisser l'informatique jouer les auxiliaires : le STRJD reçoit de 2 000 à 3 500 messages par jour et doit répondre quotidiennement à 200 voire 300 questions... Détecter les crimes en série Pour lutter contre les crimes en série, qu'il s'agisse de viols, de meurtres ou d'incendies, il importe de pouvoir établir au plus vite des rapprochements entre différentes affaires en cours d'enquête. Pour ce faire, la police et la gendarmerie partagent Judex, un fichier où sont collectés tous les renseignements à caractère judiciaire - signalements d'auteurs, objets dérobés, modus operandi, véhicules... - qui permettent de faire automatiquement des rapprochements judiciaires. Mais les mailles de Judex ne sont pas toujours assez fines pour faire ressortir certaines informations essentielles. C'est pourquoi la gendarmerie s'intéresse à un logiciel canadien, Viclas (système d'analyse des liens entres les crimes de violence), qui s'appuie sur un questionnaire très détaillé pour caractériser chaque crime. Utilisé par des analystes spécialisés, il permet de débusquer des similitudes qui peuvent signer d'éventuels crimes en série. Le STRJD va se doter d'une cellule "analyse comportementale", constituée d'une psychologue et d'un enquêteur confirmé et espère tirer parti de ce type d'outil pour dresser précocement le profil des criminels en série. Source: Le Monde Interactif (13/02/2002)
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