Le nouvel outil très offensif pour la R&D en Europe

 

En avant-première, Le Monde du Renseignement a obtenu des détails sur la genèse des 52 futurs réseaux d'Intelligence Economique que financera la Commission européenne dans l'ensemble des pays de l'Union. Leur entrée en service s'étalera sur plusieurs mois, à partir de cet automne et jusqu'au premier 2001. Elle fera l'objet d'une annonce officielle le 12 octobre prochain par Giorgio Clarotti, véritable cheville ouvrière de cette initiative, qui s'exprimera à l'occasion des Rencontres nationales de l'Intelligence Economique qui se tiendront à Lille. Ce fonctionnaire européen, ingénieur de formation, membre de l'Unité PME & Innovation au sein de la Direction générale de la recherche, y exposera les grandes lignes de ces réseaux d'intelligence, qui parviennent à maturité après deux années de développement. Une gestation plutôt heureuse qui a pourtant emprunté le dédale des mécanismes administratifs bruxellois.

L'émergence de ces réseaux trouve en effet son origine dans les objectifs fixés par le Cinquième Programme cadre de recherche de l'Union européenne (couvrant la période 1999-2002), qui détermine la politique pluriannuelle des Européens pour soutenir l'innovation. Or au moment de son adoption, ce texte a introduit un volet intitulé "Actions d'intelligence économique et technologique", préconisant de façon relativement théorique de créer de nouveaux instruments de gestion de l'information. En réalité, il s'agissait surtout du relicat d'une volonté autrfois imposée par le cabinet d'Edith Cresson, ex-commissaire européen chargée de la science, de la recherche et du développement, débarquée dans les conditions houleuses que l'on sait. Et c'est l'Unité PME & Innovation qui a repris à son compte cette intention politique, après avoir dressé un constat relativement sévère sur la pertinence des dispositifs d'intelligence économique dans les Etats de l'Union.

Quand ces derniers existent, dans la majeure partie des cas, ce sont des réseaux privés présents uniquement à l'intérieur des grand groupes industriels. Tandis que dans les rares domaines où leur animation s'appuie sur des acteurs publics, l'approche très macro-économique qui les caractérise offre peu d'intérêt en terme d'appliccation opérationnelle. Pourtant, de l'aveu de nombreux experts, les PME européennes représentent un véritable vivier, principalement pour les technologies de pointe. Des secteurs où un traitement optimal de l'information stratégique se révèle de plus en plus fondamental.

Contacté par Le Monde du Renseignement, Giorgio Clarotti estime qu'en Europe, "l'intelligence économique vient presque toujours d'en haut, et donc elle n'atteint jamais les PME innovantes qui en ont le plus besoin". Aussi l'unité a-t-elle décidé de s'appuyer dans chacun des pays sur une structure, elle-même chargée de superviser un réseau national implanté dans toutes les régions, avec pour dessein de disposer d'un seul interlocuteur par Etat capable d'identifier tous les besoinsen information stratégiquedes PME éparpillées sur le territoire.

D'ores et déjà, en France, l'Agence Nationale pour la Valorisation de la Recherche (ANVAR) assume cette responsabilité; en Allemgne, elle dépend de l'Arbeitsgemeinschaft Industrieller Forschungsvereinigungen (AIF) , tandis qu'en Grande Bretagne elle incombe un prestataire privé, le cabinet de conseil Beta Technology. Au cours des derniers mois, ce sont les sélections et les avis de ces intervenants qui ont abouti à la décision de créer 52 réseaux d'intelligence.

Le premier d'entre eux, baptisé ASLINK, fonctionne depuis quelques semaines et permet à des PME dans les technologies de pointe de profiter de l'expertise des laboratoires européens spécialisés dans la conquête spatiale. Coordonné  par l'ESA, à LA Haye, il consiste à transmettre aux entreprises des informations stratégiques sur les découvertes de la recherche spatiale suscéptibles d'avoir des applications dans d'autres domaines (comme le système de découpe à haute pression des tôles pour les fusées, qui est actuellement transposé dans l'industrie du marbre.
 

 

Source: Le Monde du Renseignement (28/09/2000)