L'intelligence économique pour surveiller la concurrence 

 
 

On ne peut pas lutter contre la concurrence sans la surveiller. Et si certaines stratégies concurrentielles coûtent cher en investissements pour les PME, l'intelligence économique a l'avantage d'être à leur portée. » Pour Alain Bloch, enseignant à l'ESCP, l'intelligence économique, technique résultant de la fusion de la veille globale et des techniques militaires de collecte de l'information, est l'outil concurrentiel qui présente le meilleur rapport qualité/prix pour les PME. 

« L'intelligence est une excellente façon de pallier leur peu de moyens, en termes de temps et d'argent, pour procéder au recueil de données. C'est aussi une première approche pour construire des alliances qui peuvent se révéler très utiles pour assurer la pérennité de la firme », affirme de son côté Gérard Garibaldi, enseignant au CPA . Il s'agit de collecter de manière légale des informations semi-confidentielles ou grises. « En les analysant, en les recoupant, on en tire des enseignements sur ce que fait le concurrent. Il faut lire la presse, explorer Internet et recueillir le maximum d'informations liées au marché, clients compris », explique Josette Bruffaets-Thomas, directrice de la société Competitive Intelligence Management (CIM).

Protéger

Les petites entreprises ont le choix : sous-traiter cette veille moderne à des cabinets spécialisés ou recruter. 

La première solution peut s'avérer rapidement onéreuse et peu efficace, le sous-traitant ignorant les besoins réels de l'entreprise. Un cabinet peu aider au diagnostic mais il est préférable que la PME ait son propre responsable d'intelligence économique. Ce spécialiste, ou médiateur, aura la lourde tâche d'organiser la « mémoire » de l'entreprise, de sensibiliser chaque employé à la nécessité de collecter de l'information en permanence et surtout d'en faire bénéficier l'entreprise. « Le médiateur doit aussi peser sur la politique de communication de l'entreprise, puisque l'intelligence économique c'est aussi émettre des informations vraies pour influer de manière positive sur l'environnement concurrentiel », précise Alain Bloch. 

En clair, l'intelligence économique peut aussi servir à « affoler » le concurrent, selon les principes de Guy Kawasaki, l'un des spécialistes mondiaux . Le recrutement est donc la solution la plus adéquate pour les PME. Plusieurs universités dont l'Istia d'Angers forment de jeunes diplômés à cette discipline. Mais intelligence économique signifie aussi protéger l'entreprise contre la curiosité des concurrents. Il s'agit alors d'édicter des règles claires pour que l'information, même la plus bénigne, ne leur parvienne pas via des canaux détournés comme le client ou les autorités administratives. Les commerciaux doivent faire l'objet des premières actions car ils constituent une caste à part. Il leur arrive ainsi de partager des informations avec leurs homologues dans les entreprises concurrentes. « Mieux, en cherchant à intoxiquer ces derniers, ils peuvent révéler, sans s'en rendre compte, des faiblesses ou des secrets que leur propre entreprise cherche à préserver », met en garde Alain Bloch. 
 


Source: La Tribune (23/04/1998)