Intelligence et défense économiques au service du développement économique

 
 
L'ère de l'intelligence économique et stratégique

La revue Transfert rapporte la tenue du colloque intitulé "Intelligence et défense économiques au service du développement économique", à l'instigation de l'IHEDN. "La nouvelle doctrine d'Etat en matière d'intelligence économique et stratégique", selon l'expression employée par la publication, y a trouvé ses soubassements.

L'avènement de l'ère libérale moderne, érigeant l'information économique au rang de donnée tangible et stratégique, est mis en perspective avec la rétention de ladite information au niveau de l'Administration et de l'Etat qui la chapeaute : Mr Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie estime, que 80 % des "informations économiques utiles" aux entreprises nationales sont détenues par l'Administration. La politique d'ouverture et de "libération" des données en cause doit constituer un véritable "levier de développement économique", selon Mr le préfet Pautrat.

Telle est le point d'orgue de l'IES, qui trouve une première mis en oeuvre avec le Mininfo (service dédié à l'information, à l'initiative du Ministère des finances), sans pour autant occulter les problèmes de sécurité et d'espionnage industriel. Préoccupation ordinale dans ce contexte de guerre économique, force est de constater avec l'ADIT, la suprématie des Etats-Unis.

Source: Net-Iris (31/01/2001)



Quand le NSA joue les " conseillers techniques "

Notre très américain confrère Computerworld révèle la communication d'un rapport au Parlement Européen tendant à prouver -une fois de plus- que les écoutes du système Echelon auraient " aidé " des entreprises américaines dans l'obtention de contrats internationaux. Ce travail, conduit par un journaliste britannique, mettrait notamment en évidence que la société Raytheon aurait bénéficié d'informations lui ayant permis de coiffer au poteau des entreprises françaises. Perfidement, le papier de Computerworld précise que Philips aurait également bénéficié de " fuites " de la part des SR hollandais, et que la France, tout comme l'Allemagne, ont mis sur pied un réseau d'écoute satellitaire. A barbouze, barbouze et demi. Et de conclure sur l'épineux problème des " trappes " et autres " backdoors " qui émailleraient des systèmes d'exploitation tels que Windows NT, trappes qui ne sauraient exister aux dires des " responsables sécurité " de Microsoft.

Lors du dernier colloque sur l'Intelligence Economique, qui se déroulait la semaine dernière à Paris, Henri Serrres, Directeur chargé de la sécurité des systèmes d'information au Secrétariat général de la Défense Nationale, déclarait que la seule parade à cette crainte légitime, pouvait être trouvée dans l'usage des " logiciels Open Source ". Mais même sous forme de source, il est toujours possible, au milieu de quelques milliers de ligne de C, d'insérer une porte d'accès quasiment indétectable. Le " libre " est-il une solution fiable ? " C'est effectivement une question à laquelle il faut faire très attention, répondait Henri Serre. Open Source ne veut pas dire " sécurisé ", et nous recommandons de n'utiliser que les programmes que nous avons nous-même certifiés ". Tâche d'autant plus difficile que, dans le seul domaine des noyaux, il sort une nouvelle version de Linux tous les 10 ou 15 jours, tous " parfums " confondus.

Sur l'épineux problème de l'espionnage sur Internet, Rémy Pautra, Préfet de la région Nord-Pas de Calais, refuse de tomber dans un excès d'espionnite aiguë, mais conseille la prudence. " La Défense Economique (le contre-espionnage industriel, NDT) commence par quelques réflexes de prudence. Le simple fait de rechercher une information économique ou technique sur Internet peut déclencher des avertisseurs chez les concurrents les plus directs. Dit moi ce que tu cherches, je te contrerai plus facilement ". Autrement dit, il est parfois plus simple de surveiller les requêtes Whois sur NSI ou les strings envoyés sur des Google ou AltaVista que de poser des micros sous les lambris du Watergate.

Source: Réseaux & Telecoms (31/01/2001)



La guerre de l'info aura bien lieu 

C'est officiel : la France entre de plain-pied dans l'ère de l'Intelligence économique et stratégique. Un colloque était consacré la semaine dernière à ce qui est devenu un marché colossal. 

Jeudi 25 janvier, c'était jour de réception à l'Institut des hautes études de la Défense nationale (IHEDN). L'organisme tenait dans ses locaux de l'École militaire, à Paris, un colloque intitulé Intelligence et défense économiques au service du développement économique. L'occasion de mettre à plat, et d'amorcer, la nouvelle doctrine de l'État en matière d'intelligence économique et stratégique (IES). La manifestation réunissait quelques militaires, mais surtout des hauts fonctionnaires, des responsables de la sécurité ou de la veille technologique d'entreprises privées comme d'administrations centrales, ou locales. Un aréopage copieusement encravaté (à l'exception, notable, des rares journalistes) venus écouter les expertises, bons conseils et vœux pieux du gouvernement.

Faites tourner !

Pour Christian Pierret, secrétaire d'État à l'Industrie qui inaugurait la journée, "les informations économiques ne sont pas des biens comme les autres. Elles sont désormais des matières premières parmi les plus précieuses pour les entreprises". Reste à savoir comment manipuler ces nouvelles richesses. Pour Rémy Pautrat, préfet de la région Nord-Pas-de-Calais et ardent défenseur de l'IES, il s'agit là d'un "levier de développement économique local, mais aussi de la réforme de l'État". Il serait temps, selon lui, de transformer ce dernier, trop souvent perçu, comme force de contrôle, de sanction ou de régulation en une "administration partenaire". Plusieurs expériences pilotes sont ainsi menées en région, et Mininfo, site internet et "réseau d'appui au service des entreprises et de leur développement économique", a été inauguré la semaine dernière par Laurent Fabius. "L'État doit à la fois sensibiliser les entrepreneurs au caractère stratégique et vital de cette matière première unique et ouvrir aux entreprises l'accès aux informations économiques utiles voire stratégiques qu'il possède, estime Christian Pierret. Un fait résume à lui seul la responsabilité particulière de la force étatique : 80% des informations économiques utiles sont détenues par les administrations." Ces dernières, tout comme les entreprises, sont vivement incitées, aujourd'hui, à partager et à faire tourner ce genre de "matière première".

Mais gaffe à la sécurité !

Mais le colloque de l'IHEDN aborda aussi la question de l'espionnage industriel. Si aujourd'hui, ces préoccupations concernent avant tout les multinationales et les entreprises à haute valeur "stratégique" ajoutée, les exemples présentés étaient de nature à convertir n'importe quel dirigeant de PME/PMI à l'IES. Une plaquette, disponible à qui en fera la demande, liste ainsi toutes les mesures à prendre en matière de sécurité informatique en entreprise comme dans l'administration. Il est ainsi vivement déconseillé de communiquer quelque information sensible que ce soit par fax, téléphone ou e-mail. Le spectre d'Echelon, le système anglo-saxon de surveillance des télécommunications, connu pour avoir fait perdre deux contrats au moins aux industriels français, provoqua quelques frissons chez les participants. Philippe Caduc, directeur général de l'Agence pour le développement de l'information technologique (ADIT), rappela aussi que "100 000 personnes travaillent pour les services de renseignements américains, qui disposent d'un budget de 28 milliards de dollars par an, dont 30% à 40% affectés à des objectifs techniques, économiques et commerciaux". Mais de service de renseignement français, il ne fut guère question, pas plus que du frenchelon, l'équivalent français, en plus petit, du Big Brother anglo-saxon. Tout juste, apprit-on, que le gouvernement disposait d'un réseau de 2 000 personnes, hors services secrets, implantées à l'étranger, et chargées de l'IES. Seuls 5% des informations traitées par ce réseau sont de type "confidentiel", la majeure partie de l'IES relevant de "sources ouvertes" telles les revues de presse ou les sites internet. Autant de postes avancés dans cette nouvelle guerre de l'information.

Source: Transfert (29/01/2001)


Pourquoi en 2001 parler à nouveau de défense économique et d'intelligence économique ?
 

Un colloque du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a été organisé le 25 janvier 2001 par l'institut des hautes études de défense nationale : il porte sur l'intelligence et la défense économiques au service du développement économique. 

Placé sous le haut patronage de Laurent FABIUS, il a été ouvert par Christian PIERRET, secrétaire d'Etat à l'industrie et clôturé par Henri MARTRE, Président de l'AFNOR. 

Pourquoi, en 2001, parler à nouveau de défense économique, concept figurant dans l'ordonnance de 1959 relative à l'organisation de la défense et portant sur la protection et la défense de l'économie et des entreprises vis-à-vis d'atteintes à leur fonctionnement et leur développement ? 

Pourquoi, en 2001, parler d'intelligence économique, concept élaboré dans le rapport MARTRE du commissariat général au plan de 1994 ? 

Le monde environnant les entreprises a changé de manière radicale durant les dernières années : le concept de défense économique doit évoluer tout en restant un élément essentiel de protection de la compétitivité et de la stratégie des entreprises ;celui d'intelligence économique doit être généralisé en même temps que l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication, tout en intégrant leur sécurisation. 

La mondialisation, la concentration des entreprises et leur fonctionnement en réseau avec des fournisseurs de plus en plus diversifiés du fait de l'externalisation, l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication sont les éléments essentiels du changement de l'environnement de l'entreprise car ils créent autant d'opportunités de développement, de compétitivité que de vulnérabilités ; quelle confiance accorder aux fournisseurs partenaires, quel niveau de sécurité attendre d'internet, d'un intranet, … ? 

La matinée a été consacrée à l'intelligence économique. Plus que la veille économique qui concernait le recueil passif de l'information, l'intelligence économique est une démarche volontariste émanant de la direction de l'entreprise et mobilisant des moyens humains et financiers, des méthodes de travail et des outils, informatisés ou non, de recueil et surtout d'analyse de cette information. Elle porte sur les informations ouvertes (et jamais sur les informations venant de source secrète) et devient l'une des matières premières stratégiques de l'entreprise, éclairant le dirigeant au moment de la décision. 

L'intelligence économique met en perspective toutes les informations utiles aux entreprises, qu'elles soient scientifiques et techniques ou portent sur les marchés, les produits, les concurrents, la réglementation, les comportements. C'est par le décloisonnement de ces sources que se produit une meilleure compréhension de l'environnement de tout organisme ou entreprise. 

Le professeur BOURNOIS a fait le point sur le niveau d'utilisation de l'intelligence économique dans les entreprises françaises ; des exemples seront donnés par des intervenants d'entreprises ou de fédérations professionnelles ; le rôle de l'Etat, des ministères (économie, finances et industrie, intérieur) et des relais d'intelligence économique tels que les chambres de commerce et d'industrie sera explicité. Les Pouvoirs publics détiennent 80 % des informations économiques utiles : il leur appartient d'en assurer la meilleure restitution aux entreprises. 

L'après-midi, la défense économique a été introduite par le haut fonctionnaire de défense du ministère. Ce concept traite depuis l'origine de la capacité des infrastructures vitales pour le pays (réseaux électriques, de télécommunications, réseaux monétaires) à résister à des atteintes de toute nature ainsi que de la protection du patrimoine et les dépendances stratégiques. 

La protection du patrimoine : comment assurer la sécurité des informations stratégiques dans l'entreprise et chez ses fournisseurs, qu'il s'agisse de sécurité physique ou de sécurité des systèmes d'information. L'utilisation désormais générale d'Internet et de réseaux Intranet conduit à une plus grande vulnérabilité des systèmes d'information dès qu'un seul maillon de ces réseaux est faible. Le ministère de l'intérieur et le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, le secrétariat général de la défense nationale et des entreprises interviendront pour sensibiliser aux menaces et recommander des solutions. 

Les dépendances stratégiques : certaines sociétés de services de confiance (dites du savoir) accumulent des informations stratégiques sur leurs entreprises clientes, d'autres transportent de telles informations, d'autres enfin en assurent la protection. Dans certains secteurs, la concentration internationale conduit à limiter fortement le nombre des entreprises de confiance. Une telle situation conduit-elle à des vulnérabilités de nos entreprises?

Source: Communiqué de Presse (25/01/2001)

 
Intervention de Christian Pierret, Secrétaire d'Etat à l'Industrie

Monsieur le Directeur de l'Institut, 
Monsieur le Secrétaire général de la défense nationale, 
Messieurs les Préfets, 
Mesdames et Messieurs les Présidents, 
Mesdames et Messieurs les Directeurs, 
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs 

Je suis particulièrement heureux d'ouvrir aujourd'hui dans ces murs renommés un colloque du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, organisé par l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale et consacré à " l'intelligence et la défense économiques au service du développement économique ". 

Institué voici 42 ans par l'ordonnance de janvier 1959 relative à l'organisation de défense, le concept de la défense économique est-il toujours, en 2001, adapté aux exigences de notre époque, aux côtés de la défense militaire et de la défense civile ? La réponse est incontestablement oui, même si son contenu a largement évolué et que certains des domaines couverts étaient encore récemment à peine défrichés : 
- la protection du patrimoine économique national sous toutes ses formes : protection physique classique, protection des biens immatériels par le brevet et/ou le secret, sécurité des systèmes d'information?, 
- les travaux sur les dépendances stratégiques, 
- le fonctionnement des réseaux indispensables à la vie économique du pays, qui constituent ces infrastructures vitales de distribution de l'électricité, de télécommunication, de systèmes de paiement.. 

En début d'après-midi le Haut-fonctionnaire de défense du Ministère, M. Lallemand, abordera ces sujets pour introduire les travaux de la deuxième table ronde. 

Je souhaite, pour ma part, axer mon propos sur l'importance stratégique que revêt aujourd'hui la maîtrise du savoir pour un acteur économique. Aussi vous parlerai-je successivement d'intelligence économique, et de protection des informations par des mesures adéquates de défense économique. 

L'information économique n'est pas un bien comme les autres dans la société du savoir

En ce début de 21ème siècle, beaucoup de phénomènes, liés sans être forcément confondus, bouleversent le mécanisme des systèmes économiques. L'accélération des échanges, le triomphe de l'économie financière, la mondialisation ont fini d'ouvrir nos frontières, d'abolir nos monopoles, d'établir la concurrence comme norme. Le savoir numérique est devenu un facteur de production universel, et le fonctionnement des entreprises en réseau de fournisseurs et de clients exigent que les entreprises maîtrisent l'acquisition, le traitement et la protection de toutes les informations économiques utiles à leur développement. L'intelligence économique trouve sa raison d'être dans cette réduction qui fait reposer la croissance et l'avenir, sur sa capacité à détenir et exploiter des informations d'une entreprise. 

Ces informations économiques ne sont pas des biens comme les autres. Elles sont désormais une des matières premières les plus précieuses pour l'entreprise et il me paraît important de parler aujourd'hui tous ensemble, entreprises, administrations centrales et déconcentrées, de la nécessité d'une démarche concertée d'intelligence économique. A un moment où le rôle régalien de l'Etat tend à se réduire, l'Etat stratège, partenaire des entreprises, a un impératif d'expression à ce sujet. Une entreprise sera meilleure que ses concurrentes si elle possède avant les autres les bonnes informations, qu'il s'agisse de connaissance des marchés, de conditions d'accès de ces marchés, d'informations juridiques, technologiques, normatives ou autres. Pour creuser son avantage compétitif, l'entreprise doit pouvoir créer une asymétrie d'information à son avantage. 

Le Professeur Franck BOURNOIS vient de faire paraître un livre sur l'intelligence économique, livre que j'ai eu l'honneur de préfacer. Il vous exposera dans les minutes qui viennent la situation des entreprises françaises et vous mesurerez le chemin parcouru depuis le rapport MARTRE de 1994 ? et le chemin qui reste à parcourir. J'en profite pour saluer Henri MARTRE qui a accepté de participer à nos travaux et qui clôturera la journée. J'ai noté pour ma part que 70 % des entreprises de l'échantillon questionné se disent concernées par l'intelligence économique et que plus les entreprises sont mondialisées, plus elles placent haut cette fonction dans l'échelle de leurs priorités. Signe que l'intelligence économique n'est pas un sujet simplement à la mode mais bien une réponse de fond aux besoins des entreprises. 

Le travail en réseau, humain et informatique, fonde une politique nationale d'intelligence économique 

Jean-Louis LEVET, aux nombreuses casquettes mais ici en tant que président de l'Association française pour le développement de l'intelligence économique, présidera une première table ronde. Des représentants de l'Etat, le Préfet PAUTRAT, Préfet de la région Nord-Pas-de-Calais, Jean-François STOLL, Directeur des relations économiques extérieures du MINEFI, Claude REISMAN, Trésorier payeur général de la région Centre, François GOULET, Directeur régional de l'industrie, de la recherche et de l'environnement à Bordeaux ; des représentants du monde de l'entreprise, bâtiment et travaux publics, industries de l'ameublement, opérateurs de télécommunications, et un représentant des Chambres de commerce et d'industrie vous feront part de leurs expériences et de leur rôle respectif. Vous verrez ainsi apparaître une véritable politique de promotion des processus d'intelligence économique et de travail en réseau, humain et informatique. L'Etat doit à la fois sensibiliser les entrepreneurs au caractère stratégique et vital de cette matière première unique et ouvrir aux entreprises l'accès aux informations économiques utiles voire stratégiques qu'il possède. Un fait résume à lui seul sa responsabilité particulière : 80 % des informations économiques utiles sont détenus par les administrations. 

Le MININFO, réseau d'appui au service des entreprises

Le MINEFI a pris conscience de sa responsabilité en ce domaine. J'ai ainsi le plaisir de vous annoncer, que lundi dernier, à Orléans, Laurent FABIUS, Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, a ouvert le premier site " MININFO ", réseau d'appui au service des entreprises et de leur développement économique. Lancé dans le cadre de la réforme-modernisation du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, MININFO est expérimenté dans quatre départements ou régions : le Doubs, la Meuse, les Pays de la Loire et le Centre. 

Cette expérimentation vise à offrir à l'entreprise, par un travail en réseau des services locaux du Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, une prise en charge personnalisée de ses demandes, la mise à disposition d'informations et des services utiles à son développement. Véritable maillage territorial, de compétences et d'expertises, ce réseau d'interlocuteur unique du Ministère a vocation à traiter de façon fiable et rapide les demandes spécifiques des entreprises, à partir d'un seul contact, et la prise en charge par le réseau de la recherche d'informations, de conseils ou de prestations personnalisées. L'entreprise pourra également, via le service Internet du réseau, accéder rapidement à des informations générales et à des services interactifs : messagerie pour poser directement une question, téléprocédures ou encore liste de diffusion par abonnement sur des thèmes qu'elle aura choisis. 

L'activité d'accompagnement et de conseil exercée par ce réseau, et par conséquent, l'utilisation des informations recueillies, seront bien entendu fonctionnellement distinctes des activités de contrôle, dans le respect du secret statistique et fiscal. Un premier bilan de l'opération sera réalisé en juin 2001. 

La sécurité des systèmes d'information est le pendant incontournable de l'intelligence économique

Il ne suffit pas d'acquérir les bonnes informations par une démarche d'intelligence économique, il faut aussi savoir les protéger. En effet, le travail en réseau génère de nouvelles vulnérabilités. La question de la sécurité des systèmes d'information est ainsi devenue cruciale. Il faut, par exemple, protéger son ultime offre de prix, que l'on soit PME ou grande entreprise répondant à un appel d'offre international ; ne pas utiliser un fax, un téléphone, une messagerie électronique non sécurisée pour transmettre des informations sensibles relatives à des entreprises cotées en bourse. 

Certains de vos concurrents hésiteront-ils, par des démarches à la frontière de la légalité ou de la moralité, à provoquer de telles distorsions de concurrence - je dirai vulgairement appliquer le principe : un bon coup d'?il vaut mieux qu'une mauvaise impasse ? Vous savez de plus combien une " rumeur " économique, non fondée, peut déstabiliser une entreprise. Chacun d'entre vous peut un jour être touché par une action de désinformation. 

Je suis donc heureux que cet après-midi un certain nombre d'aspects de défense économique soient débattus, qui concerneront essentiellement, mais pas seulement la sécurité des systèmes d'information. Monsieur GILBERTAS animera les travaux de la seconde table ronde. Des représentants e l'administration, Henri SERRES du Secrétariat général de la défense nationale, Michel Le CLAINCHE, Directeur des relations avec les publics et de la communication du Ministère, un Préfet, Philippe CADUC, Directeur général de l'ADIT ; et des représentants du monde de l'entreprise, Cap GEMINI, le groupement cartes bancaires, Renault, le Club des systèmes d'informations français, provoqueront le débat avec la salle sur ces thèmes relativement nouveaux. 

Personnellement, je me suis fortement impliqué dans la sécurisation des systèmes d'information : libéralisation de la cryptologie en France, engagée par les décrets de mars 1999, et qui sera poursuivie par la future loi sur la société de l'information ; loi du 13 mars 2000 sur la signature électronique ; et j'annoncerai dans les prochains jours une initiative pour faire suite à l'appel à projets OPPIDUM relatif au développement de produits de sécurité informatiques. 

Je souhaite aujourd'hui vous faire part des autres initiatives prises par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, tout en soulignant l'excellente coopération avec le Ministère de l'Intérieur, pour la défense de nos intérêts économiques. 

Les entreprises ont besoin d'un référentiel qualité-confiance pour protéger leur savoir

Quand une entreprise confie des informations ou un savoir-faire confidentiel à un partenaire dans le cadre du fonctionnement en réseau de l'économie, quelle assurance peut-elle avoir que le partenaire sécurisera à un niveau suffisant les informations partagées ? Il ne s'agit pas d'un cas d'école : un constructeur automobile conçoit désormais ses nouveaux modèles avec de nombreux partenaires ; une entreprise d'habillement partage également avec l'amont textile de la filière ses futurs dessins et modèles. Je puis annoncer aujourd'hui l'initiative prise par le ministère de susciter des travaux de rédaction d'un guide de bonnes pratiques sur la sécurité des informations dans l'entreprise. Ces travaux pourraient déboucher sur une normalisation " qualité - confiance ". L'AFNOR est chargé de conduire ces travaux et va lancer une enquête auprès d'un échantillon d'entreprises sur ce sujet. Un comité de pilotage va concomitamment être mis en place : animé par le haut fonctionnaire de défense, il regroupe la DIGITIP, l'AFNOR et les représentants de fédérations professionnelles et d'industriels. 

Mesdames, Messieurs, 

" La défense est la première raison d'être de l'Etat. Il n'y peut manquer sans se détruire lui-même ". Cette parole du Général de Gaulle en 1952, si elle ne concerne plus les mêmes questions et le même monde, garde sa force conceptuelle. L'Etat est un protecteur, il doit devenir un partenaire. Non pour inciter à la paresse ou à la frilosité mais, au contraire, pour poser le cadre du succès et provoquer en chacun de nous l'esprit de conquête et d'initiative, celui qui permet de remporter les plus belles batailles industrielles et humaines. Ma conviction, que je suis venu répercuter devant vous, est que l'intelligence et la défense économiques sont aujourd'hui inséparables de cet état d'esprit absolument nécessaire à la prospérité économique et au rayonnement de notre nation ! 

Source: C. Pierret (25/01/2001)